Qu’ils comportent ou non un risque d’accident, ce sont tous les cadeaux distribués par le Père Noël qui seraient, indistinctement, des colis piégés : l’ethnologue Marcel Mauss relève d’ailleurs que le mot indien pour dire cadeau, sabir Chinook, signifie en même temps poison.
« Le propre des cadeaux de Noël, observe le Dr Samuel Lepastier, psychiatre et psychanalyste, c’est qu’ils s’échangent dans un contexte où l’on tente d’actualiser le mythe de l’harmonie familiale. Or, le rassemblement du groupe familial entraîne automatiquement une accentuation des tensions qui le traversent. Le cadeau que transmet le Père Noël est un moyen pour celui qui donne d’affirmer sa position au sein du groupe et surtout de régler ses comptes. Avec ses cadeaux, le Père Noël va réactiver les crises sous-jacentes dans les familles, des crises qui couvent ; même dans les familles idéales, sans conflit apparent, il déclenche des déceptions et des nostalgies par rapport aux souvenirs d’enfance.»
En prime, l’irruption de la figure du Père Noël déclencherait un phénomène social massif de régression : dans les yeux des enfants qui déballent leurs cadeaux, les adultes régressent dans leurs histoires personnelles, ainsi que le relève le psychologue britannique Christopher Boyle (Université de Exeter), dans la dernière livraison du Lancet Psychiatry.
En distribuant ses cadeaux, le Père Noël nourrit surtout la zizanie intrafamiliale ; ils peuvent marquer une emprise, provoquer une humiliation, ou une agression. Et dans ses oripeaux festifs, il change le merveilleux et la générosité en vulgaires marchandises, pour le plus grand profit des industriels et l’excédent de la balance commerciale chinoise…
Mais le bénéfice-risque des cadeaux distribués par le Père Noël reste discuté. Le Dr Lepastier, lui, concède de marquer un jour exceptionnel : « Une fois par an, un renversement s’opère dans l’ensemble de la société en faveur des enfants ; un jour sur 365, ils sont honorés et fêtés, ils sont le centre du monde. C’est l’effet consolateur du mythe, et il s’applique à l’ensemble des enfants, pas seulement à ceux qui ont satisfait aux critères adultes : être sages, avoir fait plaisir aux parents. » Somme toute, il y a la journée de la femme et il y a, chaque 25 décembre, la journée de l’enfant, merci Père Noël !
Après le Père Noël rouge, le Père Noël vert
Au demeurant, les yeux et les désirs ne sont pas seulement captés par des marchandises. Depuis 1976, le Secours populaire, soutenu par des entreprises et des fondations diverses, multiplie les activités solidaires du Père Noël qu’il a recoloré en vert. Chaque année, grâce aux tirelires déposées chez les commerçants, aux stands paquets cadeaux dans les grands magasins et aux collectes alimentaires dans les grandes surfaces, près de 200 000 familles bénéficient de gestes de réconfort, sous formes de jouets, de produits gastronomiques, ou de dons financiers.
Et puis, ajoute le Dr Dominique Tourès-Gobert, pédopsychiatre, « quand ils écrivent au Père Noël, les enfants ne s’en tiennent pas seulement à des demandes de cadeaux marchands, ils expriment volontiers des vœux pour la santé de tel parent malade, pour la consolation d’un cousin. » Le Père Noël ne serait donc pas qu’un dangereux distributeur de poison, il médiatise aussi les bons sentiments.
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