« S’en laverles mains », « jeter l’éponge », « faire place nette » : ces expressions ont un point commun, lequel ? Toutes trois décrivent des fonctions prêtées au lavage des mains. Selon des psychologues de l’université du Michigan, le fait de se laver physiquement les mains atténuerait en effet l’impact des actes passés sur les décisions à prendre, même s’ils sont dénués de toute implication morale. On connaît depuis la nuit des temps les vertus purificatrices des ablutions, liant propreté physique et pureté spirituelle : purification, déculpabilisation, moindre besoin de se racheter, jugement de valeurs moins sévère. Quant à cette étonnante propriété, elle n’avait pas été évoquée avant les récentes expériences de Spike Lee et Norbert Schwarz. Selon les deux chercheurs, l’acte de se laver les mains diminuerait la dissonance post-décisionnelle, c’est-à-dire le fait de « surjustifier » un choix entre deux alternatives tout aussi séduisantes. Pour illustrer ce concept, les auteurs citent l’exemple d’un voyage offert, où les deux destinations proposées sont magiques, Rome et Paris. Confrontés au dilemme, les gens tentent de résoudre leur conflit intérieur en enjolivant l’option choisie et en dénigrant celle rejetée.
CD et confitures.
Pour tester l’hypothèse du lavage des mains sur ce phénomène de dissonance, les scientifiques ont mené deux expériences sous couvert de diverses enquêtes de consommation. Tout d’abord, quarante étudiants devaient choisir 10 CD parmi une trentaine de disques et les classer par ordre de préférence. L’expérimentateur leur donnait ensuite le choix entre leur 5e et 6e choix. Sous prétexte de participer à une autre enquête-produit sur un savon liquide, environ la moitié a examiné la bouteille, l’autre s’est lavé les mains avec. Avant de partir, on leur demandait de classer de nouveau les 10 CD choisis. Ceux ayant seulement regardé le savon ont significativement modifié leur classement pour conforter le CD choisi. En revanche, ceux s’étant lavé les mains n’ont pas été affectés par leur décision antérieure pour reproduire le classement initial.
La seconde expérimentation a consisté à faire choisir à 85 étudiants deux pots de confiture parmi les quatre proposés. En prétendant une enquête différente, environ la moitié a testé la lingette en l’examinant, l’autre en l’utilisant. Ensuite, on leur demandait de noter le goût attendu pour les quatre sortes de confiture. Ceux qui ne s’étaient pas servi de la lingette espéraient que les confitures choisies avaient meilleur goût, tandis que la tendance était beaucoup moins marquée chez ceux s’étant rafraîchi les mains. Savonner ses mains permettrait de prendre de la distance avec les événements, de s’en détacher et de se dégager un peu de leur influence. Au-delà de la sphère morale, la toilette physique permettrait ainsi de faire « place nette » au présent.
Science, volume 328, 7 mai 2010.
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