La méditation de pleine conscience est utilisée en psychiatrie dans les troubles émotionnels. « Les données d'efficacité sont les plus nombreuses et les plus fortes pour la prévention des rechutes anxieuses et dépressives, explique le Dr Christophe André. Chez des patients stabilisés depuis au moins 1 an, la méditation de pleine conscience en association au traitement psychotrope et à la psychothérapie diminue de moitié le risque de rechute et fait aussi bien que le maintien des antidépresseurs. La technique n'est pas adaptée quand le patient va trop mal. Les difficultés de concentration et les ruminations tristes et dépressives sont trop importantes et les séances de groupe peuvent être difficiles. Mais chez les patients en rémission, l'impact sur la prévention des rechutes, sinon fréquentes, est très spectaculaire ».
Rhumatologie, cancérologie, néphrologie
Mais ce n'est pas tout. « En psychiatrie, on essaie d'exporter la méditation à d'autres troubles, poursuit le Dr André. Des expérimentations se mettent en place dans la boulimie, les troubles du sommeil, l'impulsivité ou encore les addictions ».
Les somaticiens s'y intéressent pour la prise en charge des pathologies chroniques. C'est le cas des douleurs chroniques dans les centres anti-douleur et en cancérologie, en rhumatologie, mais aussi en cardiologie, en dermatologie et dans les troubles respiratoires. En rhumatologie, la méditation de pleine conscience a fait ses preuves dans les lombalgies chroniques, comme l'a confirmé une récente publication dans le « JAMA », et dans la fibromylagie. « D'ailleurs, les deux DU existants ont été montés par des médecins somaticiens, celui de Strasbourg par un rhumatologue, le Dr Jean-Gérard Bloch, et celui de Paris 5 par une néphrologue, le Pr Corinne Isnard-Bagnis, qui l'utilise pour ses patients dialysés », souligne le psychiatre.
Deux programmes de méditation de pleine conscience existent : le MBSR (pour « Mindfulness Based Stress Reduction ») et le MBCT (« Mindfulness Based Cognitive Therapy »). Ce sont des thérapies de groupe, qui se réalisent en groupe fermé d'une douzaine de patients, jusqu'à 40 aux États-Unis. Le MBSR, mis au point par le Pr Jon Kabat-Zinn, est un programme généraliste qui convient aussi au développement personnel. Le MBCT, développé par des thérapeutes cognitivistes, est davantage tourné vers une application psychiatrique, la prévention des récurrences dépressives. Dans les deux cas, il s'agit d'un cycle de 8 séances de 2-3 heures à raison d'une par semaine. Entre ces séances de groupe, des exercices quotidiens sont pratiqués par les patients : cela leur demande donc pas mal de travail personnel !
* Publié le 23 mars 2016. Daniel C. Cherkin et al.
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