Qu’est-ce qu’un fantasme sexuel inhabituel ? Des chercheurs du département de psychologie de l’université du Québec, à Trois-Rivières, ont tenté de répondre à cette question en interrogeant 799 femmes et 717 hommes.
Sans surprise, la gent masculine montre davantage d’attrait pour les fantasmes sexuels et les femmes attachent plus d’importance au contexte romantique des rapports sexuels. Mais cette étude statistique, publiée dans la revue « The Journal of sexual medicine » tord le cou à quelques idées reçues.
Ces travaux, affirment les chercheurs, pourraient avoir un intérêt clinique et théorique, et donner un nouvel éclairage sur le caractère inhabituel, ou pas, des paraphilies telles qu’elles sont définies dans le DSM (Diagnostic and statistical manuel of mental disorders).
Les auteurs ont répertorié 55 fantasmes à partir des déclarations des participants qui étaient invités à noter leur intérêt pour chacun d’eux. Première constatation, les fantasmes sont fréquents au sein de la population interrogée, hommes et femmes, y compris lorsqu’ils sont en lien avec des pratiques considérées comme inhabituelles. C’est le cas du voyeurisme, du fétichisme et de la soumission (pour les femmes), cités par plus de 10% des participants comme étant leur fantasme numéro un.
Peu de fantasmes statistiquement rares
Seulement 2 fantasmes sur 55 (zoophilie et pédophilie) sont jugés statistiquement rares et mentionnés par 2,3 % ou moins des participants. Neuf sont jugés inhabituels et sont mentionnés par 15,9%, ou moins, des participants aussi bien chez les femmes que chez les hommes : uriner sur son partenaire, porter des vêtements du sexe opposé, forcer une personne à avoir des rapports sexuels, fréquenter des prostituées, faire l’amour avec un homme (pour les hommes)…
Parmi les fantasmes les plus fréquents, le fait d’éprouver des émotions « romantiques » pendant l’acte (numéro un chez les femmes) revient très fréquemment. Le contexte, l’atmosphère, est aussi un désir capital pour les femmes, de même que le lieu, si possible romantique (une plage abandonnée…).
Du côté des hommes, les fantasmes sont plus triviaux : sexe oral, relations avec deux femmes (ou plus), avec une personne autre que son épouse, regarder deux femmes faire l’amour… Voilà pour les lieux communs.
Les hommes aussi fantasment sur la soumission
Il est plus surprenant de constater l’intérêt des hommes pour la soumission sexuelle (être dominé pendant l’acte sexuel). Ils sont plus de 53 % à fantasmer sur le sujet, à contre courant de l’image de virilité masculine. Les femmes y sont également très sensibles (64,6 %). 52 % d’entre elles imaginent même être attachées pendant les rapports sexuels.
Les auteurs de l’étude notent par ailleurs que les individus mentionnant ce type de fantasme sont aussi ceux qui ont le plus d’appétits pour les fantasmes sexuels en général. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il y ait une volonté de passer à l’acte (ce qui serait contraire à la définition du fantasme).
Mais cela suggère, en accord avec d’autres études sur le sujet, que l’attrait pour la soumission sexuelle (ou la domination) en tant que fantasme est un indicateur de l’imaginaire érotique des individus, sans que que cela ne corresponde à une attirance pour des pratiques déviantes.
Ces résultats sont toutefois à nuancer, notent les auteurs, et peuvent difficilement être extrapolés à l’ensemble de la population. Le recrutement des participants était quelque peu biaisé : les volontaires à ce genre d’étude sur la sexualité sont en général moins « coincés » que la moyenne de la population, soulignent-ils.
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