Le terme débriefing est issu de pratiques de l’armée de l’air américaine durant la seconde guerre mondiale. Ainsi, après un briefing permettant de fixer aux pilotes les objectifs de leur mission, le retour était marqué par un temps technique de débriefing destiné à en effectuer le bilan. C’est un officier qui, constatant l’émergence fréquente d’expressions émotionnelles intenses à ce moment et l’effet positif pour les combattants d’une verbalisation de leurs affects, eut l’idée d’en organiser et d’en codifier la forme. L’Historical Group Debriefing (1) a donc été conçu comme un moyen pour retrouver la maîtrise mentale de ce qui avait pu échapper durant l’action. L’objectif opérationnel était alors évident.
Cette technique a progressivement évolué en fonction des personnes qui en ont promu le développement et des circonstances qui en ont introduit l’usage. Les accidents ou drames collectifs ont conduit à ce que son utilisation sorte du contexte militaire pour devenir un mode de prise en charge collectif des drames humains. Sa mise en œuvre s’est formalisée avec la constitution d’équipes dédiées comprenant non seulement psychiatres et psychologues mais parfois aussi des travailleurs sociaux voir des officiers du culte… montrant ainsi toute la dimension sociale et culturelle de ce travail devenu synonyme d’aide aux personnes dans le malheur !
L’introduction dans la classification américaine de psychiatrie des pathologies psychotraumatiques est venue interroger le débriefing dans sa fonction de soin des troubles aigus ou de prévention des troubles différés. Les nouvelles bases théoriques du DSM III ont conduit alors à une orientation non plus simplement expérientielle mais également éducationnelle de cette technique. C’est le cas de la formalisation qu’en a fait Mitchel avec son Critical Stress Incident Debriefing (2), technique très codifiée destinée aux équipes d’intervention mais dont nombre d’utilisateurs ont largement étendu les indications sans toujours en mesurer les conséquences.
Débriefing à la française
En France, avec la mise en place des cellules d’urgence médico-psychologiques, l’usage du débriefing s’est également développé mais sur des bases conceptuelles différentes issues d’une approche psychodynamique. Ainsi, le débriefing à la française (3) s’est formalisé, dans sa forme collective, comme une action thérapeutique destinée aux personnes ayant été confrontées à l’expérience de la mort. Il ne peut être organisé qu’avec des groupes constitués, préexistant à l’événement traumatique, et doit donc être distingué d’interventions collectives dont les modalités et les objectifs sont autres (4).
Si la mise en place d’un travail de groupe contribue souvent à un apaisement des individus et participe à la gestion de l’ordre public après un événement à forte portée émotionnelle, s’il permet aussi une approche des personnes plus particulièrement en difficulté, il est illusoire d’imaginer qu’il permette à tous coups d’empêcher le développement ou le déclenchement ultérieur d’un état de stress post-traumatique. En revanche, le travail de débriefing doit permettre d’orienter vers les soins nécessaires, immédiatement ou plus tardivement, selon une temporalité qui reste propre à chacun.
Hôpital d’instruction des Armées du Val-De-Grâce, Paris
(1) Marshall SLA. Men under fire: the problem of battle command in future war. William Morrow and Co, New York, 1947
(2) Mitchell JT. When disaster strikes... The critical incident débriefing process. Jal of Emergency Medical Services 1983;8:36-9
(3) Lebigot F et al. Le débriefing médicopsychologique collectif in Annales médico psychologiques 1997;155; 6:370-78
(4) Les mots du trauma. Vocabulaire de psychotraumatologie. Editions Ph. Duval 2011
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