12 millions de Français sont touchés par un trouble psychique, soit une personne sur cinq. Pour lutter contre le climat de sinistrose qui touche la santé mentale et mettre en lumière les initiatives pertinentes, la Fondation de France, réseau philanthropique, et l'Institut Montaigne, proche de la Fondation FondaMental, ont organisé entre mars 2018 et juin 2019 un cycle d'ateliers. Dans huit villes de France (Marseille, Lille, Colmar, Bordeaux, Lyon, Nantes, Nancy et Paris), ces réunions ont attiré entre 100 et 250 participants, dont 35 % de professionnels de la santé et du médico-social, 25 % d'usagers et de proches, et 25 % d'associations.
« Ni conférences, ni colloques, les ateliers Parlons psy ont été le creuset d'une réflexion collective, animée par deux convictions : les idées et solutions viendront du terrain, et de nombreuses solutions existent, mais isolées, sans valorisation ni diffusion », expliquent de concert l'Institut Montaigne et la Fondation de France.
Plan de crise conjoint et directives anticipées
En termes de soin, plusieurs propositions ont émergé pour favoriser le rétablissement des patients psychiatriques (vivre avec la maladie) et leur « empowerment » (accroître leur capacité d'agir). « Ont notamment été mis en avant la co-construction de « plans de crise conjoints », à l'image de ce qui est expérimenté à Lyon, Marseille, Paris, ou Lille, ou la rédaction de directives anticipées, pour permettre au patient de s'exprimer sur la façon dont il aimerait être pris en charge, lors d'un épisode de décompensation », explique au « Quotidien » Karine Pouchain-Grépinet, responsable du programme Maladies psychiques à la Fondation de France.
Les participants des ateliers ont aussi plaidé en faveur d'un repérage et d'un diagnostic plus précoce des troubles psychiques, plébiscité les dispositifs d'« aller vers » (les équipes mobiles, par exemple, le programme VigilanS de recontact des personnes ayant fait une tentative de suicide), ou encore l'entraide et la pair aidance.
Pour améliorer l'accès aux soins, les citoyens proposent de généraliser à l'ensemble de la population et du territoire le remboursement des consultations avec des psychologues de ville. Aujourd'hui, le dispositif existe au stade de l'expérimentation : pour les jeunes de 11 à 21 ans, dans le cadre d'Ecout'émoi, en Ile-de-France, Pays de la Loire et Grand Est, et pour les 18-60 ans, via les Caisses primaires d'assurance-maladie du Morbihan, de Haute-Garonne, des Bouches-du-Rhône et des Landes.
Autre mesure mise sur la table : la réalisation d'un bilan de santé mentale gratuit à plusieurs âges de la vie : à l'école puis à l'université, lors du service national universel, via la médecine du travail, lors du suivi pré et postnatal, au début de la retraite, etc.
Vers une société moins stigmatisante
« Lorsqu'on interrogeait les personnes sur le soin, elles répondaient aussi vie quotidienne et vie sociale », observe Karine Pouchain-Grépinet. De fait, plusieurs propositions visent à changer le regard de la société sur la maladie mentale : développer la sensibilisation des plus jeunes (de nombreux programmes et dispositifs existent déjà), former les acteurs de première ligne (notamment via les formations Premiers secours en santé mentale, pour tout un chacun), mais aussi les entreprises.
Pour faire avancer les droits des personnes souffrant de troubles psychiques enfin, les citoyens invitent le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) à travailler à un avis sur cette question, et suggèrent aux autorités la mise en place d'une conférence nationale de la santé mentale, sur le modèle de ce qui existe pour le handicap, afin que le sujet dépasse le seul ministère de la santé.
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