Publié en 2013, la 5e version de classification des troubles mentaux (DSM-5) constitue le reflet d’un nouveau tournant sur la compréhension du syndrome de l'état de stress post-traumatique (ESPT). L’Association américaine a en effet décidé de faire migrer l’ESPT du chapitre sur les « Troubles anxieux » à un nouveau chapitre distinct concernant les « Troubles consécutifs aux traumatismes et au stress »; c’est dire l’importance qui lui est consacrée (1).
Les circonstances de ce que l’on nomme « l’évènement traumatique » ont également changé puisque désormais la nouvelle version admet qu’un sujet puisse être traumatisé du fait de sa proximité émotionnelle avec une victime directe (famille et amis proches) ou parce qu’il a été confronté de manière répétée à des récits sordides en raison de ses activités professionnelles.
Autre changement significatif, le DSM-5 n’exige pas que l’individu ait manifesté une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur face à l’événement (2). Les critères diagnostiques d’ESPT restent cependant globalement identiques avec le trépied clinique associant reviviscences, évitement, hyperéveil neurovégétatif. La distinction ESPT aigu de 1 à 3 mois et ESPT chronique n’existe plus, on ne parle plus que d’état de stress aigu si les symptômes sont présents de 0 à 1 mois et d’ESPT s’ils persistent au-delà d’1 mois.
Le traitement par EMDR
L’EMDR, acronyme de l’anglais Eye Movement Desensitization and Reprocessing, soit en français « Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires » apparaît ce jour comme la thérapie de choix dans l’ESPT (3). Il s’agit d’une thérapie standardisée dont le protocole en huit étapes permet au patient de travailler à partir de scènes traumatiques sur les pensées négatives qui y sont associées et le perturbent dans sa vie actuelle. On sait que les mouvements oculaires rapides augmentent la mémoire épisodique de rappel (4) et cet effet pourrait être expliqué par l’augmentation de la connectivité interhémisphérique (5). Dans ces conditions, le retraitement de l’information traumatique peut alors se faire, tout au long d’un protocole thérapeutique.
Plusieurs protocoles EMDR existent pour différents temps post-traumatiques ; ainsi en immédiat et post-immédiat, il est possible de proposer une intervention en EMDR, individuelle ou de groupe selon les circonstances de l’évènement traumatique. Ces interventions précoces ont montré leur efficacité dans la diminution de l’état de stress aigu et la prévention de l’ESPT (6). Il est également possible de proposer des interventions une fois l’ESPT constitué et ce quel que soit le délai écoulé depuis l’évènement traumatique.
Nightingale Hospitals-Paris, Clinique du Château de Garches Pour en savoir plus :
American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th Edition : DSM-5. American Psychiatric Press, Washington D.C, 2013
American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4th ed., text rev. : DSM-IV-TR. American Psychiatric Press, Washington D.C, 2000.
Bisson J, Roberts N, Andrew M et al. Psychological therapies for chronic post-traumatic stress disorder (PTSD) in adults (Review). Cochrane Database Syst Rev 2013 ;12:CD003388.
Parker A, Dagnall N. Effects of handedness and saccadic bilateral eye movements on components of autobiographical recollection. Brain Cogn 2010 ; 73, 93-10110.1016/j.bandc.2010.03.005
Samara Z, Elzinga BM, Slagter HA et al. Do horizontal saccadic eye movements increase interhemispheric coherence? Investigation of a hypothesized neural mechanism underlying EMDR. Front. Psychiatry 2001 ; 2:4. doi: 10.3389/fpsyt.2011.00004
Shapiro E, Laub B. Early EMDR intervention (EEI): A summary, a theoretical model, and the recent traumatic episode protocol (R-TEP). Journal of EMDR Practice and Research 2008;2(2), 79-96. doi:10.1891/1933-3196.2.2.79.
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