Quels traitements privilégier en adjonction aux antipsychotiques de deuxième génération dans le traitement de la schizophrénie ? Une méta-analyse française publiée dans eClinical Medicine, revue du Lancet, tente d’identifier les traitements additionnels les plus efficaces.
Dans cette étude, l’équipe du Dr Guillaume Fond (Assistance publique-hôpitaux de Marseille, Fondation FondaMental) a retenu 44 essais portant sur 45 médicaments et 3 358 participants souffrant de schizophrénie, traités soit par rispéridone, soit par clozapine, ou encore par des combinaisons d’antipsychotiques, à base de rispéridone ou de clozapine. Pour rappel, un quart des patients sous antipsychotiques ne répondent pas aux traitements. La schizophrénie touche plus de 500 000 personnes en France et 20 millions dans le monde.
Un tiers des médicaments efficaces
Aucun traitement d’augmentation ne s’est montré efficace sur les cinq dimensions que sont les symptômes négatifs, positifs, dépressifs, liés à la psychopathologie générale, ou l’ensemble des symptômes. Mais un tiers, soit 16 médicaments, a démontré une efficacité significative par rapport au placebo pour au moins un critère de jugement, notent les auteurs.
Pour traiter les symptômes négatifs des patients sous rispéridone, les tailles d'effet les plus remarquables ont été observées pour l'utilisation du tropisétron (-0,83) et dans une moindre mesure, de la mémantine (-0,50), de la minocycline (-0,56) et de la pioglitazone (-0,63). « Mais celle-ci est associée à des problèmes de sécurité, en particulier concernant le cancer de la vessie, et son utilisation n’est pas recommandée », lit-on dans la discussion.
Le benzoate de sodium et la mémantine (qui ont en commun de moduler les récepteurs NMDA) ont montré des effets significatifs sur les symptômes positifs, tandis que la mémantine se révèle efficace sur les symptômes négatifs et la psychopathologie générale.
Duloxétine, en appui à la clozapine
Chez les patients traités par clozapine, la duloxétine, inhibiteur à la fois de la recapture de la sérotonine (5-HT) et de la noradrénaline (NA), se révèle le traitement d’augmentation le plus efficace sur les symptômes négatifs (avec une taille d’effet -1,12), et dans une moindre mesure sur les symptômes dépressifs (-0,52), l’ensemble des symptômes, et la psychopathologie générale (respectivement – 0,46 et 0,45). Elle s’avère vaine en revanche sur les effets positifs. Le benzoate de sodium a été le seul médicament d'augmentation à démontrer une efficacité dans le soulagement des symptômes positifs persistants, avec une taille d’effet petite à modérée, selon la dose (jusqu’à 2000 mg/j).
Les traitements d’augmentation sont en revanche peu probants dans les études portant sur des patients traités par une combinaison d’antipsychotiques, que ce soit avec la rispéridone ou la clozapine, ce qui peut s’expliquer par l’hétérogénéité des groupes.
Les auteurs invitent à prendre ces résultats avec précaution, eu égard au petit nombre d’études incluses dans la méta-analyse. Toutefois, « ils devraient changer les recommandations pour la pratique dans le traitement de la schizophrénie ne répondant pas aux antipsychotiques et figureront dans la prochaine formation sur le traitement de la schizophrénie résistante validée par l'Agence nationale du Développement Professionnel Continu (ANDPC) », commente le Dr Guillaume Fond.
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