La mélatonine exogène pourrait être intéressante dans certains troubles psychiatriques chez les adultes, met en lumière la société française de recherche et de médecine du sommeil (SFRMS), dans un article publié dans « l'Encéphale », résultat d'une conférence de consensus sur le sujet. « L'efficacité de la mélatonine dans les troubles des rythmes veille-sommeil est avérée. Mais elle est de plus en plus prescrite en dehors de ces indications et il était intéressant de faire le point sur son utilisation dans le cadre des troubles psychiatriques », explique le Dr Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre et médecin du sommeil à l'hôpital Bichat, maître de conférences à l'Université de Paris.
La mélatonine exogène a deux actions, rappelle la SFRMS : la première, dite chronobiotique, de synchronisation des rythmes biologiques, intervient dès l'administration de faibles doses (0,125 mg). La seconde, soporifique, est dose-dépendante.
Anxiété pré-opératoire, traitement adjuvant
Le groupe de 11 experts, psychiatres et médecins du sommeil de la SFRMS, a passé en revue la littérature scientifique publiée avant novembre 2017. « Malgré la variété des méthodologies, le petit nombre d'essais randomisés contrôlés, et le manque d'études statistiques robustes, cette revue met en évidence des effets intéressants de la mélatonine dans les troubles psychiatriques », lit-on.
Les chercheurs ont observé le plus haut niveau de preuve dans les études faisant état de l'efficacité de la mélatonine en prévention de l'anxiété pré-opératoire. Ils recommandent donc l'administration de 5 à 12 mg de mélatonine en une seule dose, une ou deux heures avant l'intervention chirurgicale.
Ensuite, plusieurs données plaident en faveur d'un intérêt de la mélatonine chez les patients souffrant d'un trouble psychiatrique stabilisé ou en rémission, afin de prévenir une rechute, quand une plainte d'insomnie ou de troubles du rythme circadien est associée.
Dans les phases aiguës, la mélatonine pourrait être utilisée comme traitement adjuvant lorsqu'il existe des symptômes d'insomnie dans les troubles thymiques, et dans une moindre mesure, dans le TDAH et la schizophrénie.
Enfin, dans les troubles somatoformes, la mélatonine pourrait être un traitement des symptômes douloureux de la fibromyalgie, du syndrome de l'intestin irritable, du syndrome dyspeptique fonctionnel, et du trouble temporo-mandibulaire.
« On connaît encore mal l'action de la mélatonine, si elle joue directement sur les systèmes monoaminergiques altérés dans les troubles psychiatriques, ou indirectement, via son action sur l'horloge biologique. Mais la mélatonine est un outil supplémentaire dans l'arsenal du médecin, préférable, selon les situations, à des benzodiazépines », commente le Dr Geoffroy.
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