Le dernier luminaire vient d’être posé. Les 400 mètres carrés, au rez-de-chaussée d’un immeuble de Bourg-la-Reine, sentent encore la peinture. Des tubes de gouache et des palettes parsèment les tables de la salle d’art plastique, crayons et feuilles tapissent celle d’écriture, des tapis mousse recouvrent le sol de la salle de danse-mouvement, un petit monticule de coussins regarde une scène de théâtre suggérée par deux draps noirs, un mini-xylophone décore la classe de musique, aux murs insonorisés. Les premiers locaux des Petits lutins de l’artattendent de prendre vie, grâce à l’arrivée imminente d’enfants présentant des troubles du comportement légers à modérés, âgés de 3 à 12 ans.
Le projet a mûri dans la tête d’un homme : Jean Papahn, un entrepreneur dans l’immobilier, qui a été marqué dans sa fratrie par la souffrance psychique. Il crée en 2011 le fonds de dotation « les petits lutins de l’art », pour aider les enfants et leurs familles grâce à des thérapies à médiation artistique, dont il découvre l’existence dans les pays anglo-saxons. Il s’adresse alors à la psychiatre Anne-Marie Dubois, responsable de l’unité des thérapies à médiations artistiques de la clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME) de Sainte-Anne, pour écrire le projet. L’idée - inspiré de ce qui se fait pour les adultes à Sainte-Anne - est de réunir dans un centre non sectorisé, 5 médiations artistiques : danse-mouvement, arts plastiques, écriture, musicothérapie et dramathérapie. « La psychothérapie à médiation artistique peut répondre à des dysfonctionnements du développement, des retards psychomoteurs, des troubles attentionnels, des inhibitions, des difficultés relationnelles, sans que ces symptômes ne s’inscrivent forcément dans des pathologies lourdes », explique le Dr Dubois.
Ni centre de loisir, ni hôpital
Le Fonds soutient financièrement la structure associative (loi 1901) du même nom à Bourg-la-Reine, dirigée Sylvain Falinower. « Ce n’est ni un centre aéré ni une structure médicale, hôpital ou centre médico-psychologique », explique Sylvain Falinower. La démarche est autant préventive que curative. « Si on repère les troubles légers tôt, on pourra anticiper et éviter leur aggravation », poursuit Sylvain Falinower.
L’enfant et ses parents sont d’abord reçus par une psychologue, qui leur propose, dans une seconde consultation avec un art-thérapeute, une thérapie artistique (si les troubles de l’enfant se révèlent trop lourds, il sera orienté vers le secteur médical). L’enfant suivra ensuite 12 séances d’art-thérapie, le mercredi et samedi ou après l’école, de 16 heures à 20 heures. Il sera revu deux fois par la psychologue. « On choisira la médiation au cas par cas, en fonction des difficultés de l’enfant, de son développement psychomoteur tout en prenant compte de ses goûts et aversions », explique Sharon Herson, psychologue et art-thérapeuthe.
Sandra Giordani est danse-mouvement thérapeute : « une personne en souffrance peut être figée, elle n’habite pas son corps. On travaille grâce à l’outil corporel, sur des sensations et émotions, pour trouver un lieu contenant », précise-t-elle. Comme pour la danse-mouvement, les indications de la musicothérapie sont très larges. « Cela aide notamment pour dénouer des problèmes de communication et d’interaction des enfants. Ils sont amenés à trouver leur place dans le groupe », détaille Brice Corbizet, musicothérapeute. Piano et percussions devraient mener la danse : « Les percussions résistent à la violence qu’on leur inflige et permettent de redonner du rythme à des enfants qui en manquent », poursuit-il.
Dans le sillage de Dolto
Les Petits lutins de l’art devraient essaimer, avec l’ouverture de nouveaux centres à Asnières-sur-Seine début 2016 et à Paris. Sylvain Falinower entend lancer une étude épidémiologique afin d’évaluer l’efficacité des protocoles. À terme, son ambition est de gagner le statut et la légitimité de structures comme les maisons vertes, fondées par Françoise Dolto (enterrée à Bourg-la-Reine, pour l’anecdote). Et de décrocher des subventions afin de baisser les coûts des prises en charge d’art-thérapie : entre 40 et 60 euros la séance, sans compter le forfait initial de 200 euros.
Centre de bourg-la-Reine : 01 84 19 22 44. 60 boulevard du maréchal Joffre, 92 340 Bourg-la-Reine www.lespetitslutinsdelart.com
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024