« Nous assistons à une rupture complète du dialogue social avec le gouvernement et le nouveau ministère », déplore la Dr Marie-José Cortès, présidente du Syndicat des psychiatres des Hôpitaux (SPH). C’est en effet « par voie de presse et par les réseaux sociaux » que le syndicat a découvert que le ministère avait l'intention de mettre en place un CNR santé mentale. Raison pour laquelle une dizaine de syndicats et de fédérations* représentatifs de la psychiatrie ont adressé un courrier d'alerte à Aurélien Rousseau .
Ces organisations – qui représentent à la fois des usagers, familles, psychiatres, directeurs, psychologues et infirmiers – s’étonnent de n’avoir pas été associées en amont, dans un contexte où la psychiatrie est confrontée à une situation « de plus en plus difficile ». Comme l’a montré l’enquête de la Fédération hospitalière de France (FHF), un quart des établissements font état de difficultés majeures de démographie médicale et soignante, ce qui a entraîné des fermetures de lits significatives. « Partout la qualité des prises en charge, que ce soit en hospitalisation ou en ambulatoire, est dégradée alors que nos établissements accueillent les situations les plus complexes et les plus précaires sur le plan socio-économique », alertent les signataires du courrier qui exigent un rendez-vous en préalable au CNR santé mentale.
La question du périmètre et des objectifs de ce CNR est source de préoccupation. « La dénomination de ce CNR nous inquiète car on ne peut réduire la psychiatrie à la santé mentale comme on ne peut réduire la cardiologie à la prévention des risques cardiovasculaires. Au vu de l’urgence de la situation ce CNR doit avoir comme objectif de traiter avant tout la psychiatrie », cadrent les signataires.
Le risque de rupture de soins
Le ministère a répondu pour l'instant « qu’il n’avait pas le temps, que l’agenda du ministre ne lui permet pas de nous recevoir », même s’il est « conscient des problématiques », confie la Dr Cortès. Une réponse difficile à entendre à l’heure où « le parcours de nos patients est de moins en moins sécurisé, que le risque qu’ils soient en rupture de soins ou y accèdent de façon totalement retardée, s’intensifie au fil du temps ».
De surcroît, les conditions de travail se sont tellement dégradées que « le nombre de professionnels qui songent à quitter l'hôpital public augmente de jour en jour », observe la psychiatre de Mantes-la-Jolie (78). Deux ans après les assises de la psychiatrie, celle-ci craint un « simulacre de démocratie participative », « une nouvelle coquille vide ».
* Liste des signataires : Marie-José Cortès, Présidente du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), Claude Finkelstein, présidente de la fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie (Fnapsy), Pascale Giravalli, présidente de l’association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP), Jean-Paul Lanquetin, président d’honneur de l’association pour le développement de la recherche en soins en psychiatrie (ADRPsy), Christophe Libert, président de l’Association des psychiatres infanto-juvéniles de secteur sanitaire et médico-social (API), Pascal Mariotti, président de l’Association des établissements du service public de santé mentale (AdESM), Gladys Mondiere, présidente de la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP), Annick Perrin-niquet, Présidente du Comité d’Études des Formations Infirmières et des Pratiques en Psychiatrie (CEFI-Psy), Marie-Noëlle Petit, présidente de l’Association nationale des psychiatres présidents et vice-présidents de CME des Centres Hospitaliers (ANPCME), Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam), Christophe Schmitt, président de la conférence nationale des présidents de CME de CHS, Norbert Skurnik, président par intérim de l’Intersyndicale de la défense de la psychiatrie Publique (IDEPP), Olivier Tellier, président de l’Association française des unités pour malades difficiles (UMD), Michel Triantafyllou, Président du Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)
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