300 millions d’économies sur l’imagerie ? L’UFML-S dénonce la méthode « trumpiste » de la Cnam

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Publié le 17/03/2025
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À l’approche d’âpres négociations sur la pertinence des actes en imagerie médicale, l’UFML-S sort les griffes pour dénoncer le risque de « négociation unilatérale » visant à diminuer les tarifs des radiologues. Avec 300 millions d’euros d’économies déjà programmées dans la loi d’ici à 2027…

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La Cnam et les syndicats pourront-ils s’entendre sur les économies réclamées sur l’imagerie ? Alors qu’un groupe de travail conventionnel sur la pertinence de l’imagerie médicale est programmé le 20 mars, l’UFML-S, non-signataire de la convention, dénonce par avance une négociation avec la Cnam « le pistolet sur la tempe », « sans possibilité pour les radiologues de s’opposer en cas de désaccord ».

Dans la ligne de mire du syndicat de Jérôme Marty, l’article 41 de la loi de financement de la Sécu 2025 qui autorise le directeur de la Cnam à procéder de fait à des baisses de tarifs dans le champ de l’imagerie, à défaut d’un accord pluriannuel de maîtrise de dépenses conclu avant le 30 septembre 2025. Pour l’UFML-S, la négo est donc « déjà bouclée avant toute discussion » puisque cette même loi exige au moins 300 millions d’euros sur l’imagerie au cours des années 2025 à 2027.

« Nous refusons de participer à cette mascarade si cette menace [de baisse autoritaire des tarifs] n’est pas levée comme préalable à toute discussion », avance le Dr Henri Guerini, vice-président de l’UFML-S, qui critique la méthode « trumpiste » de la Cnam, à savoir des « négociations unilatérales ». Le radiologue invite les syndicats signataires de la convention à « mettre sur la table le retrait de leur signature conventionnelle en l'absence de retrait de cette mesure ». Pour l’UFML, un plan brutal imposé aux radiologues risque en effet d’« étouffer les libéraux » et de précipiter les derniers cabinets indépendants « dans les bras des financiers »

Moins virulent, le Dr Patrick Gasser, président d’Avenir Spé, précise que « l’imagerie médicale ne concerne pas que la radiologie » mais que cet enjeu doit mobiliser plusieurs spécialités. « Cela recouvre les examens prescrits par des angiologues, cardiologues, généralistes, etc. », énumère le gastro-entérologue de Nantes. En signant la convention, « contrairement à l’UFML-S », le patron d’Avenir Spé assume avoir engagé ses troupes dans le vaste chantier de la pertinence des prescriptions et des examens. « Qui peut être contre la pertinence des prescriptions ? lance le Dr Gasser. Une thèse a démontré que près de 30 % des examens de radiologie prescrits par des généralistes ne sont pas pertinents et 15 % de ceux prescrits par les spécialistes ». Sur ces bases, son organisation restera « très vigilante » sur la méthode comme sur le contenu des discussions. Objectif : veiller à ce qu’il y ait effectivement « de la pertinence dans les économies cherchées » et non pas des « baisses comptables » pour diminuer le déficit de la Sécurité sociale. En clair, il est indispensable à ses yeux d’avoir une régulation médicalisée des dépenses de radiologie. « Si on ne va pas dans le sens de la pertinence des soins, alors, oui, ça peut engendrer la guerre », prévient le président d’Avenir Spé.

Cette vigilance est partagée par le président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Le Dr Jean-Philippe Masson exhorte la Cnam à poursuivre « de vraies actions » sur la pertinence des soins d’imagerie, citant celles mises en place en 2018 sur le rachis lombaire. « Elles avaient permis aussi de faire des économies en matière de radio du crâne et du poumon. C’est la seule façon d’obtenir des économies pérennes », ajoute le radiologue.

Néanmoins, le spécialiste redoute lui aussi des coups de rabot « à court terme », qui cibleraient les forfaits techniques (scanner et IRM), afin d’atteindre rapidement les 100 millions d’euros d’économies en 2025 sur les 300 millions programmés sur trois ans. « Si c’est la proposition de la Cnam, nous ne soutiendrons aucun accord », prévient le Dr Masson. Lors de l’examen du PLFSS 2025, la fédération des radiologues avait réclamé en vain la suppression de ce montant imposé d’économies, une mesure jugée « anti-conventionnelle ».


Source : lequotidiendumedecin.fr