D'après l'Institut national du cancer (Inca), près de 11 millions de femmes de 50 à 74 ans sont éligibles au programme de dépistage organisé (DO) du cancer du sein mis en place dès 2004. Près d’une femme sur deux n'y participe pas, mais « environ 15 % bénéficient, par ailleurs, du dépistage individuel (DI), souligne le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Au total, en France, environ 65 % des femmes bénéficient donc d'une mammographie. »
Si la mammographie effectuée dans le cadre du DO comporte une deuxième lecture effectuée par un radiologue différent de celui qui a effectué l'examen, le DI n'en comprend pas. « Le taux d'erreur a, certes, beaucoup diminué (trois patientes sur 1 000) mais une deuxième lecture systématique permettrait d'enrayer ce problème », indique le Dr Jean-Charles Leclerc, secrétaire général de la FNMR et président de Forcomed, une association dédiée aux formations médicales continues. « Le DO comporte un cahier des charges précis : outre la mammographie, un examen clinique (palpation des seins) doit être effectué. Et lorsque l'on dépiste une anomalie, une échographie complémentaire doit être faite dans la foulée. Pour toutes ces raisons, nous militons en faveur du DO », ajoute-t-il.
Un bus du sein en Alsace
Par ailleurs, malgré les efforts de sensibilisation effectués chaque année lors des actions d'Octobre rose, de nombreuses réticences à la réalisation d'un dépistage subsistent. Pour tenter d'y pallier, la FNMR inaugure le bus du sein. « Le bus circulera dans 13 villes d'Alsace durant les trois premières semaines d'octobre et sera équipé d'un appareil de mammographie (non fonctionnel) ainsi que d'un "mammo buste", pour sensibiliser à l'auto-palpation, précise le Dr Leclerc. Par ce biais, nous voulons aller vers toutes les femmes et toucher, en particulier, celles qui ne veulent pas se faire dépister. Nous leur délivrerons une information éclairée sur le dépistage du cancer du sein. Et les radiologues de la région s'engageront localement à donner des rendez-vous rapides (sous 15 jours) à toutes les femmes qui souhaiteront bénéficier d'une mammographie ».
Le bus sera animé par des représentants d'associations de patientes, du centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) Grand Est, de la Ligue contre le cancer, en lien avec des radiologues ou oncologues locaux et des manipulateurs. Cette initiative pilote est soutenue par l’agence régionale de santé d'Alsace. « Nous souhaitons qu'à l'avenir, d'autres régions puissent déployer cette initiative », note le Dr Masson.
Un rapport « Paroles de femmes »
Pour mieux comprendre les facteurs de réticence au DO, la FNMR a lancé une étude (menée par l'agence de communication en santé JCD&B Networking) auprès d’une centaine de femmes de 18 à 75 ans, de régions et de niveaux socioéconomiques différents. « Les réponses sont surprenantes, dévoile le Dr Masson. Certaines femmes, par exemple, affirment ne pas vouloir se faire dépister car en cas de diagnostic de cancer, la chimiothérapie pourrait entraîner une chute de cheveux. La peur de basculer dans la maladie est également une raison récurrente au refus du dépistage ». L'intégralité de l'étude sera rendue publique le 1er octobre dans le cadre d'un rapport que la FNMR souhaite présenter au prochain ministre de la Santé.
« Les idées reçues sur le dépistage et les traitements du cancer sont encore nombreuses. Un travail sur la communication envers le grand public est nécessaire pour lutter contre les fake news », ajoute Jean-Claude Durousseaud, auteur du rapport et producteur au sein de JCD&B Networking. Pour fêter les 20 ans du DO, la FNMR publie un ouvrage retraçant sa genèse, son déploiement, son état actuel et ses évolutions possibles, notamment via l’intelligence artificielle. Enfin, une soirée sera organisée le 5 octobre prochain, en présence de Philippe Douste-Blazy. L'occasion de délivrer des trophées aux personnalités qui ont compté dans l'histoire du dépistage du cancer du sein.
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