LE TRAITEMENT médicamenteux de la polyarthrite rhumatoïde (PR) comporte des thérapeutiques à visée symptomatique et des traitements dits de fond ou DMARD, susceptibles de freiner l’évolution de la maladie, notamment la progression radiographique des lésions articulaires.
La prise en charge thérapeutique de la PR a été bouleversée par l’utilisation de nouveaux traitements, notamment de nouveaux traitements de fond ou de leur association, mais également par de nouveaux concepts comme la nécessité d’une prise en charge très précoce, dès les 3 à 6 premiers mois de la maladie, d’un contrôle régulier de l’activité clinique et de la progression radiographique, et enfin de l’instauration précoce de traitements agressifs. Ces modalités nouvelles ont pour finalité d’induire une rémission clinique et de prévenir la dégradation radiographique.
Une prise en charge précoce et intensive.
Il est donc actuellement préconisé d’identifier précocement les patients à risque d’évolution vers une PR sévère et de contrôler l’activité et l’évolution de la maladie. Dans les cas les plus évolutifs, cela doit permettre d’envisager la mise en œuvre d’un traitement plus intensif très tôt au cours de l’évolution de la maladie, afin de limiter la dégradation articulaire et le handicap fonctionnel.
L’EULAR a formulé 15 recommandations pour la prise en charge thérapeutique de la PR. Dans la grande majorité des cas, les traitements de fond, méthotrexate ou léflunomide, doivent être utilisés tôt, dès le diagnostic. Cette attitude thérapeutique a pour objectif l’obtention d’une rémission de la maladie ou une activité faible. Le traitement doit donc être réévalué tous les mois ou tous les 3 mois au début, afin d’atteindre l’objectif en 3 à 6 mois au maximum.
Néanmoins, certains patients ne répondent pas de façon adéquate. Une progression radiographique rapide est alors observée dès la première année d’évolution. Il est donc légitime de chercher à identifier les candidats à une biothérapie en tant que traitement initial, c’est-à-dire les malades dont la PR débutante est à risque de progression radiographique rapide malgré la mise en œuvre précoce d’un traitement de fond.
Parmi les 813 patients issus de la cohorte ESPOIR qui ont été inclus entre 2002 et 2005 et dont la PR datait de moins de 6 mois, 398 ont reçu un traitement de fond, méthotrexate ou léflunomide, pendant au moins 3 mois au cours de la première année de suivi.
Alors que la progression moyenne du score de Sharp modifié par van der Heijde a été de 1,7 ± 5 au cours de la première année pour l’ensemble des patients de l’étude, une progression structurale rapide a été notée chez 46 d’entre eux.
Une analyse statistique bivariée et multivariée a été réalisée afin de mettre en évidence les paramètres déterminants de cette évolution rapide.
Il est apparu que les variables de départ associées à une progression rapide étaient le nombre d’articulations gonflées, la CRP, le statut vis-à-vis du facteur rhumatoïde ou des anticorps antiprotéine citrullinée et la présence initiale d’une érosion typique de PR. Un algorithme de prédiction, baptisé Matrice ESPOIR, a été dérivé de ces analyses.
La matrice ESPOIR permet ainsi d’identifier précocement les patients souffrant de PR à risque d’évolution sévère, éventuellement candidats à un traitement agressif d’emblée.
D’après un entretien avec le Pr Bruno Fautrel, département d’enseignement ostéo-articulaire, université Paris VI - Pierre et Marie Curie, et service de rhumatologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris et la session plénière 7099.
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