La Société française de rhumatologie (SFR) a établi, en partenariat avec la Société française de médecine physique et de réadaptation (Sofmer), de nouvelles recommandations sur la prise en charge des patients souffrant d’arthrose de la main : elle doit être multimodale et personnalisée (1). La chondroïtine sulfate y maintient sa place à visée symptomatique.
L’arthrose digitale est la deuxième localisation d’arthrose la plus fréquente (derrière le genou et avant la hanche) avec une prévalence de 38 % chez la femme et 24 % chez l’homme. L’objectif de la prise en charge est de contrôler les symptômes, d’améliorer la qualité de vie et de limiter la dépendance et le handicap.
« Les recommandations (au nombre de 11) insistent sur la nécessité d’une prise en charge personnalisée, prenant en compte la localisation, la sévérité, la présence d’une poussée inflammatoire, les comorbidités et les attentes du patient », a précisé le Pr Jérémie Sellam (hôpital Saint-Antoine, AP-HP).
Auto-exercices et orthèses
La prise en charge non pharmacologique est recommandée pour tous les patients. Elle repose sur les auto-exercices de renforcement musculaire (serrer le poing, presser une balle…), les conseils ergonomiques et les aides techniques.
Les orthèses de repos doivent être proposées dans la rhizarthrose (pas de preuve de différence selon le type d’orthèse) et peuvent être proposées dans l’arthrose des doigts. Elles améliorent la douleur et la fonction à moyen et long terme (> 3 mois). Dans les approches complémentaires, l’application de chaleur (boue paraffine) pourrait être envisagée pour un effet antalgique à court terme (niveau de preuve faible). Les ondes électromagnétiques, le laser, l’acupuncture, les bandes adhésives de contention ne doivent pas être proposés.
AINS topiques et per os
Dans les traitements pharmacologiques, les AINS topiques peuvent être utilisés compte tenu de la localisation superficielle de la main ainsi que les AINS per os en fonction des comorbidités (dose faible et durée la plus courte possible). Les infiltrations de corticoïdes peuvent soulager en cas de signes inflammatoires.
Les corticoïdes oraux à faible dose peuvent être envisagés dans les poussées inflammatoires polyarticulaires pour une durée limitée, la plus courte possible, à la dose la plus faible, compte tenu de leur profil de tolérance. Les études ont montré une amélioration de la douleur et de la fonction.
Le paracétamol peut être utilisé.
La chondroïtine sulfate, cinquantenaire reconnue
Molécule découverte il y a cinquante ans, la chondroïtine sulfate, figure toujours en bonne place : elle peut être envisagée à visée symptomatique et sans attendre un effet structural.
« La chondroïtine sulfate à la posologie de 800 mg/jour pendant six mois a fait l’objet d’une étude scientifique de bonne qualité montrant une réduction significative de la douleur (échelle EVA), une amélioration de la fonction (score de Dreiser), une diminution des raideurs matinales et une bonne tolérance comparativement au placebo (2) », a souligné le Pr Sellam.
Enfin, au vu des données actuelles, la colchicine, l’hydroxychloroquine, le méthotrexate et les traitements biologiques anti-cytokiniques ne devraient pas être proposés.
(1) Courties A. et al., Recommandations françaises sur la prise en charge non pharmacologique et pharmacologique de l’arthrose de la main, présentées au 37e congrès de la SFR, le 10 décembre 2024
(2) Gabay C et al., Arthritis Rheum, 2011, 63(11):3383-91
D’après une conférence de presse Ibsa
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