Calcium : pas d’effets cardiovasculaires

Publié le 02/12/2013
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En se fondant sur des données MEDLINE , EMBASE , COCHRANE recherchées jusqu’en janvier 2013, Lewis et coll ( abstract 1 002) ont effectué une méta-analyse des essais sur la supplémentation calcique avec ou sans vitamine D évaluant la mortalité de toutes causes et les hospitalisations ou décès liés à une atteinte cardiaque ischémique . Cette méta-analyse (18 études randomisées contrôlées, publiées en anglais , concernant des femmes de plus de 50 ans, ayant une supplémentation calcique de plus de 1 an), fait état d’un risque relatif ( RR ) de mortalité globale de 0,96 (95 % CI 0,91-1,02 ; p égal à 0,18) et ne constate pas de surrisque d’événements cardiaques ischémiques ou d’infarctus du myocarde. Les hospitalisations et décès liés à un infarctus du myocarde n’étaient pas significativement augmentés, que ce soit avec la supplémentation calcique seule ( RR 1,37 ; 95 % CI 0,98-1,92) ou associée à la vitamine D ( RR 1,03 ; 95 % CI0 ,91-1,16).
 

Chez les hommes aussi

Chez les hommes, Bauer et coll ( Abstract 1 001) ont analysé les apports calciques alimentaires, la prise d’une supplémentation calcique et la mortalité chez 5 967 patients de plus de 65 ans dans la cohorte MrOS. Ils étaient âgés de 74 plus ou moins 6 ans, avaient des apports alimentaires calciques moyens de 1142 plus ou moins 590 mg/j et 65 % d’entre eux prenaient une supplémentation en calcium. Ceux dont les apports en calcium étaient les plus élevés étaient plus âgés, plus minces, fumaient moins et avaient une meilleure vitesse de marche que ceux dont les apports étaient les plus faibles. Au cours du suivi de 10 ans, sur 2 022 décès, 687 ont été attribués à une affection cardiovasculaire. Après ajustement pour l’âge et la prise de suppléments en calcium, les patients ayant les plus faibles apports en calcium (inférieur à  621 mg/jour) avaient la mortalité globale la plus élevée, par rapport à ceux dont les apports étaient les plus élevés ( supérieur à 1 565 mg/jour). Après ajustement pour les autres facteurs confondants possibles, les apports en calcium ou la supplémentation calcique n’étaient pas associés avec la mortalité totale ou cardiovasculaire. Il n’y avait pas d’augmentation du risque de mortalité avec la supplémentation calcique parmi ceux ayant les apports calciques les plus élevés (p égal à 0,84). Les auteurs concluent que chez ces hommes âgés, les apports calciques, la prise de suppléments en calcium, et la combinaison d’un régime riche en calcium et d’une supplémentation ne sont pas associées avec un risque majoré de mortalité globale ou d’origine cardiovasculaire.
 
Les risques et bénéfices de la supplémentation en calcium et vitaminique D ont également été étudiés dans une méta-analyse australienne (S Frost et coll ; abstract FR0379) évaluant d’une part l’efficacité de la supplémentation en calcium et vitamine D sur le risque fracturaire (9 études randomisées contrôlées), d’autre part l’association entre cette supplémentation et la survenue d’effets cardiovasculaires (3 analyses post-hoc d’essais randomisés contrôlés). Dans cette étude le risque de fractures par fragilité est diminué de 11 % ( RR 0,89 ; 95 % CI 0,80-0,97), et cette réduction est observée pour les fractures non vertébrales ( RR 0,90 ; 0,79-0,99) et les fractures vertébrales cliniques ( RR 0,86 ; 0,75-0,99), mais non pour les fractures de hanche ( RR 0,88 ; 95 % CI 0,71-1,06). La supplémentation en calcium et vitamine D n’était pas associée de façon significative avec la survenue d’effets cardiovasculaires : infarctus du myocarde ( RR 1,18 ; 0,73-1,74), accident vasculaire cérébral ( RR 1,17 ; 95 % CI 0,75-1,70), décès ( RR 1,01 ; 95 % CI 0,67-1,58). Ainsi, la supplémentation en calcium et vitamine D diminue le risque de fracture, même si l’effet est modeste, sans augmentation significative d’effets cardiovasculaires associés à cette supplémentation.
 
Rappelons toutefois que la prescription systématique de calcium est inutile en cas d’apport alimentaire calcique suffisant. Les apports alimentaires doivent être évalués à l’aide d’un questionnaire. Une carence en calcium sera corrigée, en particulier chez les patientes âgées ou ostéoporotiques, en privilégiant si possible les apports calciques alimentaires, et tout en corrigeant les carences en vitamine D. 
Dr Françoise Debiais, CHU de Poitiers

Source : lequotidiendumedecin.fr