SUR UN ENREGISTREMENT vidéo réalisé au début de l’étude, on peut constater qu’en dépit des encouragements qu’il reçoit et d’un effort apparent, un jeune patient n’arrive pas à ouvrir d’une manière vraiment perceptible sa main droite hémiplégique repliée sur elle-même. Après quatre mois de télérééducation chez lui, avec des jeux de réalité virtuelle, le même adolescent, filmé de nouveau, montre qu’il est capable d’une ouverture de la main et d’une extension des doigts presque complète. Toujours sur la vidéo, ce progrès spectaculaire est confirmé par la capacité, un peu maladroite certes, du jeune patient à empiler deux boîtes de conserve pleines l’une sur l’autre avec sa main handicapée.
L’initiative de ce programme de téléréadaptation, dont les résultats ont été récemment publiés*, est due au Dr Meredith Golomb, de l’école de médecine de l’université de l’Indiana (États-Unis). Désireuse de pallier une carence de prise en charge de la rééducation des adolescents IMC hémiplégiques aux États-Unis, et inspirée par la passion pour les jeux vidéos d’un de ses patients âgé de 4 ans, le Dr Golomb a contacté un spécialiste de la réalité virtuelle, Gregory Burdea, directeur de l’institut de téléréadaptation de l’université Rutgers, dans le New Jersey. Leurs deux équipes ont alors mis au point un système, installé au domicile de jeunes handicapés, constitué par une console de jeux et un gant numérique destiné à envelopper la main paralysée, et, connecté par Internet de façon sécurisée à des bases de données situées à l’université Rutgers et à l’hôpital Riley à Indianapolis.
Un avatar de la main.
Les jeux développés à l’université Rutgers, adaptés à la situation de chaque participant et comprenant différents niveaux de difficulté, ont pour but de susciter l’activité de flexion et d’extension des doigts et le mouvement du pouce. Un avatar de la main qui joue est représenté sur l’écran et réagit par des mouvements complets aux tentatives du patient. Les instructions apparaissent sur l’écran et le joueur gagne des points qui lui sont attribués en fonction du degré et de la rapidité du mouvement ainsi que de sa difficulté. Les ados concernés par le projet devaient s’exercer 30 minutes par jour, 5 jours par semaine.
Cette étude préliminaire qui avait pour but de démontrer la validité du concept exploré n’a concerné que trois adolescents avec des paralysies importantes de la main droite. Mais, indique le Dr Golomb au « Quotidien », les résultats « ont dépassé mes espérances ».
Les mesures effectuées directement pas les gants numériques ont montré, pour les trois adolescents, une amélioration de l’amplitude du mouvement d’au moins trois des doigts, avec des améliorations plus importantes dans le cas du pouce et de l’index après environ trois mois de traitement. Des tests traditionnels d’ergothérapie ont démontré une amélioration de la préhension et de la fonctionnalité de la main, y compris une amélioration de la capacité à soulever des poids. D’autres améliorations qualitatives ont été observées par l’ergothérapeute et les familles mais n’ont pu être quantifiées.
Les chercheurs ont également constaté une légère amélioration du contenu minéral osseux de l’avant-bras chez les deux joueurs qui ont joué le plus régulièrement, même, indique le Dr Golomb, s’ils ne savent pas si cela est dû aux jeux eux-mêmes ou à l’accroissement de l’usage de la main qui en a résulté.
Enfin, l’IRM fonctionnelle a montré, à la fin de l’étude, une augmentation de l’étendue du domaine d’activation dans des régions importantes pour la fonction motrice, comme le cortex moteur primaire et le cervelet, chez les trois sujets lorsque ceux-ci effectuaient des mouvements de la main droite.
Bien que des expériences semblables aient été décrites, aucune, à la connaissance du Dr Golomb ne mettait en jeu des enfants aussi sévèrement affectés que ceux de son programme et ayant déjà atteint l’adolescence, c’est-à-dire pour lesquels une quinzaine d’années s’étaient écoulées depuis l’apparition de la paralysie. Un deuxième facteur qui distingue son approche de celle des autres, explique-t-elle, est la disponibilité du traitement à domicile, plus compatible avec l’emploi du temps et l’indépendance d’un lycéen scolarisé qu’un traitement en milieu hospitalier.
En dépit des limites de cette étude dues, entre autres, au faible nombre de participants et au fait que les ergothérapeutes étaient informés du traitement reçu par les adolescents, le Dr Colomb est convaincue que ce type de thérapie pourrait jouer un rôle important à l’avenir et envisage déjà son application à la rééducation de patients souffrant d’autres pathologies qui affectent le mouvement, comme la sclérose en plaque, l’arthrite, à celle des victimes d’AVC ou de blessures orthopédiques du bras et de la main.
* « Archives of Physical Medicine and Rehabilitation », janvier 2010. http://www.archives-pmr.org/article/PIIS000399930900817X/fulltext Un lien pour la vidéo (en anglais) est disponible à la fin du texte.
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