Les premiers internes en rhumatologie ont été accueillis en milieu libéral dès mai 2014 dans la région Normandie et en novembre 2016 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ces projets en rhumatologie, fondés sur le modèle des médecins généralistes, n'auraient jamais pu être montés sans l'appui des chefs de service des CHU respectifs – les Prs Olivier Vittecoq à Rouen et Martin Soubrier à Clermont-Ferrand – ni celui des ARS correspondantes. Ces projets intervenaient dans le cadre de la future loi de la réforme du 3e cycle, mais l'accord des ARS n'était alors donné qu'à titre expérimental ; puisque le décret, publié en novembre 2016, n'a été appliqué qu'en novembre 2017 (permettant l'accès aux stages pour les premiers internes bénéficiant de la réforme, à la rentrée universitaire 2018).
« À l'époque, nous n'avions pas de maître de stage universitaire dans notre spécialité. Et pour le devenir, il fallait répondre à un cahier des charges précis (voir encadré), notamment suivre une formation en pédagogie. Nous avons donc dû concevoir et mettre en place cette formation dans la région Auvergne. D'autant que les internes étaient très demandeurs et l'ARS très motivée », explique le Dr Verrière.
Un riche retour d'expériences
À l'issue de leur formation, les Drs Meyer, Patoz et Verrière sont ainsi devenus maîtres de stage universitaire (MSU). En Normandie, dix MSU ont déjà officié, pour accueillir plus de vingt internes, par périodes de trois mois – durée retenue pour le stage afin que tous les internes formés à Rouen puissent en bénéficier. En Auvergne, six MSU sont en exercice et six autres rhumatologues déjà formés vont les rejoindre, disséminés dans toute la région, pour des stages de six mois.
Cette diversité est bénéfique aux étudiants, « nous travaillons sur des pathologies très variées qui vont de l'inflammatoire à l'os, en passant par le mécanique et le péri-articulaire, ce qui est très formateur pour les étudiants. En outre, expérimenter différents modes d'exercices donne un regard différent sur la rhumatologie en ville et permet de choisir sa pratique future. Les échanges avec les internes sont très positifs mais nous conduisent aussi à nous remettre en question. Ils apportent beaucoup aux deux parties », souligne le Dr Meyer.
Les relations entre médecin en exercice et interne sont basées sur la confiance réciproque, proche du compagnonnage. « Je présente les étudiants aux patients comme un futur confrère, poursuit le rhumatologue. Les quatre internes qui sont passés dans mon cabinet étaient ouverts à tout et n'avaient aucune réticence ». Les stages se sont toujours bien passés aussi dans le cabinet du Dr Verrière. « L'échange est toujours intéressant avec ces jeunes qui disposent de connaissances scientifiques que nous n'avons pas toujours. À l'inverse, nous leur apportons notre expérience de l'exercice libéral, en vie réelle, et leur apprenons les prises de décisions instantanées, avec à la clé une prise de conscience de leurs limites », explique le rhumatologue d'Aurillac (voir également le témoignage du Dr Aubé ci-contre).
« Les patients sont quant à eux ravis de voir cette relève arriver et le colloque singulier n'est en réalité pas perturbé dès lors que le binôme des médecins fonctionne de manière complémentaire et fluide, en restant centré sur le patient, précise le Dr Patoz. La majorité des patients ne montre d'ailleurs aucune réticence à laisser l'interne qui vient de mener la consultation poursuivre par la réalisation du geste technique adapté. Il est exceptionnel qu'ils refusent sa présence, bien qu'ils soient informés en amont de la possibilité de ce refus. »
Une initiative qui fait des émules
Les Dr Meyer, Patoz et Verrière sillonent, aujourd'hui, toute la France pour former d'autres maîtres de stage en rhumatologie, dans le cadre du Développement professionnel continu (DPC). « D'ores et déjà, nous avons assuré, l'an dernier, un programme de formation dans la région parisienne d'une vingtaine de rhumatologues ainsi qu'à Limoges. Nous devrions assurer cette année des formations à Rennes, Bordeaux et Marseille, sans parler des demandes émanant de Metz, Lyon, et Strasbourg pour le futur ». Le succès est donc au rendez-vous et pourrait inciter les autorités de santé à rendre ces stages obligatoires en rhumatologie, comme en médecine générale.
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