Le traitement de l’arthrose symptomatique du genou comprend des antalgiques et des anti-inflammatoires per os mais aussi des dispositifs injectables (corticoïdes, acide hyaluronique, plasma riche en plaquettes). Malgré cet arsenal, les personnes non répondeuses ou souffrant d’arthrose avancée restent difficiles à traiter. Le carboxyméthyl chitosane (CM-chitosane) d'origine non animale – nouvel implant liquide destiné au traitement symptomatique de l’arthrose du genou par injection intra-articulaire – apporte une solution. Lancé dans plusieurs pays européens depuis septembre 2022, ce traitement baptisé KioMedine One est fabriqué par le laboratoire belge KiOmed Pharma. Il est commercialisé en France, depuis octobre dernier, par la société de biotechnologie Arsylab.
Le CM-chitosane – polysaccharide hautement purifié, issu de l'Agaricus bisporus (champignon de Paris) – constitue une technologie brevetée fabriquée en Belgique. Cet implant liquide possède un double mécanisme d'action : il améliore la lubrification articulaire et réduit le stress oxydatif au sein de l'articulation. « KioMedine One permet de traiter les gonarthroses avancées (grades 3 à 4) mais aussi des patients non répondeurs à l'acide hyaluronique ou ayant des comorbidités qui contre-indiquent la chirurgie prothétique du genou (obésité sévère, arthropathie neuropathique, infection systémique…) », souligne le Dr Nils Lynen, chirurgien orthopédiste à Aix-la-Chapelle (Allemagne). « Il faut faire attention à ne pas l’injecter dans un genou présentant un épanchement synovial », précise-t-il.
Un traitement efficace et bien toléré
Au total, quatre études et programmes d'observation clinique incluant plus de 280 patients ont été menés pour prouver l'efficacité du chitosane : soulagement durable de la douleur arthrosique, diminution de la raideur, amélioration du fonctionnement physique. Quant aux données de vie réelle, sur des patients souffrant d'arthrose réfractaire, elles montrent une amélioration de la douleur à plus de onze mois et un report de prothèse totale du genou chez certains patients.
KioMedine One bénéficie, par ailleurs, d'une bonne biocompatibilité (adhésion à la surface tissulaire) et activation de la prolifération tissulaire. « Une étude en Allemagne auprès de 49 patients souffrant d'arthrose avancée (âge moyen : 65 ans, suivi pendant 36 semaines), recevant une seule injection de CM-chitosane (3 ml à 2 %) a montré une efficacité sur la douleur dès la première semaine après traitement, note le Dr Lynen. Après 24 semaines, la douleur avait nettement diminué. L'efficacité avait légèrement baissé après 36 semaines mais 75 % des patients restaient satisfaits des effets induits par le traitement, notamment en matière de qualité de vie. » Les principaux effets indésirables rapportés sont des douleurs au niveau du site d'injection ainsi qu'un épanchement transitoire.
Éviter les effets généraux
En automédication et en traitement de première ligne, le paracétamol et les AINS restent très utilisés dans l'arthrose. « Et cela, alors même que ces traitements ont une toxicité digestive, rénale et cardiovasculaire non négligeable. Il est indispensable que la balance bénéfices/risques soit prise en compte », affirme le Pr François Rannou, service de médecine physique et de réadaptation et rhumatologie à l'hôpital Cochin (AP-HP). Les topiques et les injections intra-articulaires ont ainsi toute leur place dans le traitement de la gonarthrose. Si les infiltrations de corticoïdes sont destinées à calmer l'inflammation locale, les injections d'acide hyaluronique interviennent après, en phase chronique. « Les traitements locaux, intra-articulaires, permettent d'aller au cœur de la cible et d'éviter les effets généraux des traitements per os », assure le Dr Henri Lellouche, rhumatologue interventionnel à Herblay-sur-Seine.
L'arthrose avancée du genou altère largement la qualité de vie mais, très souvent, les patients craignent la chirurgie prothétique. « Par ailleurs, au moment du diagnostic, une personne sur trois a moins de 40 ans », note Françoise Alliot-Launois, président de l'Association française de lutte antirhumatismale (Aflar). « Le fait de leur proposer un nouveau produit dédié à l'arthrose réfractaire du genou permettant de repousser voire d'éviter la chirurgie les soulage. Nous attendons encore de voir comment KioMedine One va se positionner dans l'arsenal thérapeutique et espérons pouvoir, à terme, le proposer pour d'autres articulations telles que la hanche », conclut le Dr Mohammed Belmouhoub, rhumatologue interventionnel à Privat.
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