Le syndrome d’hyper-utilisation (« overuse syndrom ») est fréquent, avec des symptômes ne se manifestant que pendant le jeu. Il survient généralement après une surcharge de travail et est favorisé par le stress et l’anxiété de performance. Les douleurs sont plus volontiers musculaires que tendineuses, avec des localisations très variées, prédominantes aux membres supérieurs et à la partie supérieure du dos.
Lésions de surmenage et capsulite de l'épaule
Plus spécifiques, les lésions de surmenage, responsables de microtraumatismes répétés au niveau des structures tendineuses et péritendineuses. Ainsi les tendinites de la coiffe des rotateurs, caractérisées par un amincissement ou une fissure des tendons ou une bursite sous-acromiale à l’échographie. On peut aussi observer des tendinopathies au niveau du poignet, des doigts, du coude, etc. Il faut repérer et corriger le mouvement générateur de douleur. On propose des antalgiques, des anti-inflammatoires, si nécessaire une infiltration parfois échoguidée, une rééducation.
La capsulite rétractile de l’épaule est plus rare mais plus invalidante. Très souvent la radiographie et l'échographie sont normales. L’IRM montre un épaississement du récessus inférieur et de la bourse sous-acromiale, avec parfois un œdème au niveau de l’os sous-chondral et une tendinite bicipitale. Son traitement repose sur le bloc du nerf sus-scapulaire.
Les syndromes vasculo-nerveux ou canalaires
Ces syndromes sont fréquents au niveau des membres supérieurs et provoquent des paresthésies, une lourdeur, une lenteur dans l’exécution du geste. L'électromyographie (EMG), l’échographie vont confirmer et évaluer l’atteinte du nerf. La correction de la posture, des orthèses de repos, des patchs de xylocaïne, voire des infiltrations de corticoïdes permettent généralement de résoudre le problème, le recours à la chirurgie étant exceptionnel. Dans le cas d’un syndrome du défilé thoracobrachial, avec névralgie cervicobrachiale, le diagnostic est confirmé par l’écho-doppler, l’EMG, le scanner ou l’IRM. La rééducation est indispensable pour ouvrir la pince costoclaviculaire et la résection de la première cote reste exceptionnelle.
Les dystonies de fonction
Plus rares, elles concernent 1 à 2 % des musiciens de haut niveau. Elles se caractérisent par un mouvement involontaire au niveau des membres supérieurs, plus particulièrement des doigts, ou de la bouche chez les instrumentistes à vent, plus rarement au niveau des membres inférieurs comme l'a bien étudié Aude Hauster (Genève). Le trouble ne se manifeste que lors de la pratique musicale.
Interroger la pratique instrumentale et l’environnement
Ces lésions sont d’autant plus fréquentes que la pratique instrumentale est précoce et intensive, qu’elle impose des mouvements répétés et rapides avec des postures non physiologiques, des pauses insuffisantes. Il est indispensable d’examiner le patient lorsqu’il joue de son instrument. Dans un orchestre, les instrumentistes peuvent être gênés par le manque d’espace et d’ergonomie du matériel.
La prise en charge est globale, et recherche aussi la notion de fatigue, de mauvaise hygiène de vie, de stress, de pression psychologique, de la volonté de se dépasser, etc.
D’après un entretien avec le Pr Raoul Ghozlan, rhumatologue (Paris)
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