Anticorps monoclonal inhibiteur de l'interleukine 17A, l'ixékizumab (Taltz) s'inscrit dorénavant comme une nouvelle option thérapeutique disponible dans la prise en charge du rhumatisme psoriasique actif. Indiqué seul ou en association avec le méthotrexate, il est réservé aux adultes qui ont présenté une réponse inadéquate ou une intolérance à un ou plusieurs traitements de fond (DMARDs).
Un réel besoin médical ?
Il existe déjà de nombreuses biothérapies disponibles dans le traitement du rhumatisme psoriasique : anti-TNF, inhibiteurs des IL12 et 23 (ustékinumab), de la phosphodiestérase 4 (aprémilast)… Cependant, « nous sommes très contents d'avoir un nouveau type de traitement », reconnaît le Pr Philippe Goupille, rhumatologue (Hôpital Trousseau, Tours).
En effet, il persiste un besoin médical dû aux phénomènes d'échappement, de réponse insuffisante, de contre-indications et d'intolérance aux traitements actuellement disponibles. Sur les 99 000 patients atteints de rhumatisme psoriasique en France, l'ixékizumab pourrait ainsi concerner 7 000 à 12 000 patients (1).
Une amélioration des symptômes articulaires et cutanés
À travers deux études internationales de phase III, l'ixékizumab a démontré, par rapport au placebo, une amélioration significative des symptômes articulaires et cutanés.
Dans l'essai SPIRIT-P1, 417 patients naïfs de traitements biologiques étaient répartis en quatre groupes pendant une période en double aveugle de 24 semaines. Ils recevaient soit de l'ixékizumab 80 mg toutes les quatre semaines (IXE Q4W, posologie de l'AMM) ou toutes les deux semaines (IXE Q2W) après une dose initiale de 160 mg, soit un placebo, soit de l'adalimumab (ADA). L'ixékizumab s'est révélé supérieur au placebo sur la proportion de patients atteignant une réponse ACR 20 à la semaine 24 - 30 % (placebo) vs 58 % (IXE Q4W ; p < 0,001) vs 62 % (IXE Q2W ; p < 0,001) vs 57 % (ADA ; p < 0,001) - la sévérité du psoriasis (évaluée par le score PASI) et l'inhibition de la progression radiographique des dommages articulaires.
L'étude SPIRIT-P2 a confirmé l'efficacité de l'ixékizumab chez 363 patients prétraités par anti-TNFα et randomisés en trois groupes (placebo, IXE Q4W et IXE Q2W). En effet, l'ixékizumab a apporté un bénéfice par rapport au placebo concernant le taux de réponse ACR20 à la semaine 24 - 19,5 % (placebo) vs 53,3 % (IXE Q4W) vs 48 % (IXE Q2W) - la sévérité du psoriasis et l'évolution de la capacité fonctionnelle.
« La majorité des effets indésirables étaient d'intensité légère à modérée », remarque le Dr Frédérick Durand, responsable rhumatologie du laboratoire Lilly. Parmi les plus fréquents, se trouvent notamment la réaction au site d'injection et la rhinopharyngite.
Quel apport dans l'arsenal thérapeutique ?
Outre les nombreuses biothérapies, un autre inhibiteur de l'IL17, le sécukinumab (Cosentyx), est déjà disponible dans le rhumatisme psoriasique. En quoi l'ixékizumab se différencie-t-il ?
En dermatologie, une méta-analyse en réseau, a analysé au travers des études cliniques l'efficacité, versus placebo, des différentes molécules actuellement disponibles. Au sein des anti-IL17 comme de l'ensemble des traitements analysés, « il apparaît que l'ixékizumab est la molécule qui offre le plus de chances à un patient d'avoir 90 % de réduction de la sévérité de son score PASI à 16 semaines », avance le Pr Denis Julien, dermatologue (hôpital Édouard Herriot, Lyon). Par contre, d'après le Pr Goupille, « il n'existe pas en rhumatologie d'étude face-face, ni d'éléments de réponse formels » permettant de différentier les deux anti-IL17.
De plus, au niveau économique, le prix de l'ixékizumab est environ 10 % à 15 % inférieur à celui du sécukinumab.
D’après la conférence de presse du laboratoire Lilly, le 13 septembre 2018.
(1) Avis de la commission de la transparence https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/evamed/CT-16854_TALTZ_PIC_…
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