L’obésité, définie par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m2, est un facteur de risque majeur de l’arthrose. Elle est associée à une arthrose plus sévère, plus symptomatique et à un risque plus élevé de chirurgie de prothèse. Elle contribue au développement de l’arthrose et à sa progression par augmentation du stress mécanique, des troubles métaboliques et de l’inflammation.
Cependant, ce facteur de risque est modifiable et les recommandations nationales et internationales sur la prise en charge de la gonarthrose des patients obèses préconisent, en première ligne, une réduction pondérale et des activités physiques. De fait, la perte de poids est efficace et permet de diminuer les douleurs et le handicap, d’améliorer la qualité de vie, de réduire le recours à la prothèse et la mortalité. Les modifications de l’hygiène de vie, de l’alimentation couplées à des exercices physiques permettent de diminuer 5 à 10 % du poids. La chirurgie bariatrique permet de perdre jusqu’à 30 % du poids. Le maintien de la perte du poids est difficile et la plupart des patients reprennent du poids. Ainsi, 15 à 20 % des patients nécessitent des nouvelles opérations.
Dans ce contexte, l’étude STEP 9* (Semaglutide Treatment Effect in People with obesity) a cherché à évaluer l’intérêt potentiel du sémaglutide dans la gonarthrose, chez des sujets obèses.
Les objectifs de cet essai randomisé multicentrique étaient de démontrer que cet agoniste du récepteur glucagon-like peptide-1 (GLP-1), était supérieur au placebo en termes de réduction du poids et de la douleur évaluée par le WOMAC-douleur. 407 patients (âge moyen 56 ans, 81,6 % de femmes, IMC moyen de 40,3 kg/m2) ont été randomisés en 2/1 pour recevoir le sémaglutide (n=271 patients) ou le placebo (n=136 patients).
Une réduction significative du poids et de la douleur
Après 68 semaines de traitement, les patients sous sémaglutide avaient perdu 13,7 % de leur poids (vs 3.2 % dans le groupe placebo), et avaient diminué de 41,7 points leur WOMAC-douleur vs 27.5 points dans le groupe placebo. La différence du WOMAC douleur entre les 2 groupes était de 14,2 points, ce qui est une différence cliniquement pertinente. Les patients sous sémaglutide avaient aussi une amélioration sur le WOMAC-raideur, WOMAC-fonction et le WOMAC-total. Ils ont consommé moins d’AINS et moins d’antalgiques. Le traitement était bien supporté, 10,3 % des patients sous sémaglutide ont eu des effets secondaires graves vs 8,1 % des patients du groupe placebo.
Les effets secondaires graves les plus fréquents étaient les tumeurs (Il me semble que le terme tumeur est plus adapté que cancer. OK pour vous ?) bénignes et malignes (3,3 % dans le groupe sémaglutide vs 2,2 % dans le groupe placebo) suivis des troubles digestifs (2,2 % groupe sémaglutide vs 0 % groupe placebo). Les résultats de cette étude confirment qu’une réduction pondérale de plus de 10 % améliore de façon significative les douleurs liées à la gonarthrose des patients obèses, permettant une réduction de la consommation des AINS et des antalgiques et une amélioration de la fonction.
Effet propre ou bénéfice indirect ?
Les limites de l’étude sont l’absence de suivi radiographique, des paramètres métaboliques et biologiques et de suivi après l’arrêt du traitement.
Les mécanismes du sémaglutide sur la physiopathologie de l’arthrose ne sont pas identifiés. L’amélioration des douleurs est-elle uniquement liée à la perte de poids ou à d’autres effets biologiques du sémaglutide qui a des propriétés anti-inflammatoires ? Des études spécifiques sont nécessaires pour répondre à ces questions.
* Bliddal H et al. Once weekly semaglutide in persons with obesity and knee osteoarthritis. NEJM 2024.
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