EN DEHORS de leur rôle de protection oculaire, les larmes servent-elles à autre chose ? Les pleurs de tristesse, spécifiquement humains, ont-ils une autre fonction jusqu’à présent inconnue ? Si l’on s’en réfère à ce qui se passe chez la souris, expliquent Shani Gelstein et coll. (Israël), elles pourraient porter un signal chimique.
Les chercheurs ont donc mis au point une série de tests destinés à mettre en évidence, dans les pleurs féminins, un signal directement adressé aux hommes. L’expérience est positive. Lorsque ces larmes sont mises au contact de l’odorat masculin, ces derniers ressentent une baisse des pulsions sexuelles. La confirmation en est apportée par la clinique, la biologie et l’imagerie.
Tout d’abord, deux « donneuses » ont recueilli leurs larmes alors qu’elles visionnaient un film particulièrement triste. Dans un premier test, 24 volontaires masculins ont comparé leur odeur à celle d’eau salée. Les larmes apparaissent inodores.
L’épreuve suivante a consisté à imbiber un morceau de buvard (larmes ou placebo) et à le fixer sur la lèvre supérieure sous les narines. Les participants devaient juger sur une échelle visuelle analogique l’effet que leur procuraient des photographies de visages féminins tristes ou attirants. Si larmes et placebo ne jouent pas sur la perception des visages tristes, les composants chimiques des larmes rendent 17 des 24 participants moins sexuellement réceptifs aux minois engageants.
La testostérone salivaire.
Pour dynamiser le test, les photos ont été remplacées par un film triste. Dans le même temps diverses constantes d’excitation sexuelle étaient évaluées : réponse électrique et température cutanées, fréquences cardiaque et respiratoire, humeur, testostérone salivaire. Ici encore les épreuves étaient réalisées contre placebo. Globalement les larmes ont abaissé le désir sexuel, ainsi que la testostérone salivaire.
L’équipe, enfin, a eu recours à l’IRM fonctionnelle pour visualiser l’effet des larmes féminines au niveau du cerveau masculin. Le stimulus consistait en un film triste. Chez les 16 volontaires, l’activation de l’hypothalamus et de la circonvolution fusiforme gauche a été moindre sous influence de vraies larmes que de solution saline.
Les auteurs satisfaits d’avoir montré l’existence d’un signal chimique dans les larmes, ajoutent que « les participants n’ont pas vu les femmes pleurer ». Dans la culture occidentale, les pleurs entraînent un enlacement de l’être qui souffre, qui rapproche le nez des larmes sur les joues. L’inhalation des substances chimiques s’en trouve majorée, augmentant de ce fait les réactions induites expérimentalement.
Reste à déterminer s’il existe de tels signaux chimiques dans les larmes masculines, enfantines et quels en sont les conséquences dans les diverses combinaisons possibles entre hommes, femmes et enfants.
Sciencexpress, 6 janvier 2011, 10.1126/science.1198331.
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