La prescription d’un médicament oral de l’érection suffit souvent à elle seule pour remédier à la plupart des cas de dysfonction érectile. Sinon, il faut élargir la prise en charge aux autres paramètres de la symptomatologie plutôt que de s’engager trop vite dans une escalade pharmacologique.
LE COUPLE se profile souvent en filigrane derrière la résistance aux traitements oraux habituels de la dysfonction érectile. « On ne peut pas parler de difficultés sexuelles sans parler de la dynamique du couple, déclare le Dr Marie-Hélène Colson. Le couple c’est quelque chose qui n’a rien de statique. Il y a des forces qui poussent à la fusion et d’autres à un recul identitaire où l’on s’affirme différent de l’autre ». Tous ces paramètres doivent être envisagés.
En effet, les femmes ont parfois des réticences face aux médicaments de l’érection. Il faut s’interroger sur le pourquoi d’une telle attitude. Elles peuvent se ressentir comme la part inutile de la relation sexuelle. Se sentir insécurisées (« je ne lui plais plus, il me trompe, il ne m’aime plus… »). D’autres accusent : « il est trop vieux ». Certaines revendiquent que leur partenaire règle d’autres problèmes tels leur addiction à l’alcool, la violence domestique, leurs difficultés à communiquer au lieu de s’occuper uniquement de ses érections. Parfois elles sont positives : « il est trop ému, ça va passer, ».
Côté masculin, l’homme va avoir un comportement en relation avec le profil d’attachement qu’il a avec sa partenaire. Son attitude peut être sécurisante et positive ou alors il s’isole dans l’évitement, le silence, le repli, l’agressivité ou la colère.
Tout ceci concerne les vulnérabilités individuelles qui ont leurs répercussions sur le couple et celui-ci devient vulnérable. Si l’homme est dans l’évitement et l’isolement, la partenaire peut devenir passive et abandonner sa sexualité. Ou alors elle devient hostile et agressive, elle reproche à l’homme son comportement. Si l’homme a un comportement traduisant l’assurance (« secure »), elle va rechercher le dialogue et des solutions pour l’aider.
Profiler les couples.
La prescription pharmacologique est différente selon le contexte ; son sens varie selon la situation du couple. On sait aujourd’hui que la réussite du traitement dépend étroitement de l’implication de la partenaire. Sa présence en consultation permet souvent une meilleure information sur l’histoire de la dysfonction érectile et ouvre les portes de la prise en charge. Comment alors adapter la prescription en fonction du profil d’attachement dans le couple ?
Certains évoluent dans l’anxiété, la surprotection, le maternage ; ce sont les « couples cocons » souvent fondés sur des carences affectives anciennes avec crainte de l’abandon et de la rupture. Dans ce cas, le désir affectif est aussi important que le désir sexuel. Ils sont le plus souvent dans le silence et l’évitement. « Ici, souligne le Dr Colson, il faut rassurer avant de prescrire. Il faut que les craintes s’apaisent, il faut amener le couple vers la réassurance des sentiments amoureux et s’assurer des changements avant de prescrire un traitement ». En cas de conflit ancien, le couple doit instituer un vrai dialogue et la partenaire être prise en charge.
En cas de manifestations de puissance, d’hostilité, d’agressivité, de sarcasmes, de retranchement narcissique de la partenaire, les conflits anciens non réglés doivent être cernés. « Ici, remarque le Dr Colson, le besoin de revanche est plus important que le désir sexuel. La résolution des conflits est toujours possible ».
Enfin, quand les femmes sont tranquilisantes (« secures ») et positives -c’est le cas le plus fréquent- elles ont tout de même besoin de soutien. Car, bien que rassurantes et bienveillantes, elles peuvent être inexpérimentées et passives. Reste qu’il faut que l’homme accepte son implication.
Le sens des médicaments.
Il faut donc donner un sens aux médicaments qui vont être prescrits. Si la partenaire est du genre hostile, le médicament va être là pour modifier les responsabilités. Car si l’homme acquiert une érection normale, rien ne sera résolu au niveau du couple alors que la femme ne l’aide pas à avancer.
Quand elle est anxieuse, surprotectrice, évitante, le médicament rassure sur l’amour, les émotions sont partagées, c’est la relance du couple.
Lorsque la femme est sécurisante et positive, c’est le meilleur des cas. Le médicament va vraiment permettre à chacun de redevenir partenaire à part entière et de partager à nouveau sur les plans émotionnel et charnel.
Mais la partenaire doit être aidée ; il faut qu’elle devienne pro-active du traitement, que ses craintes se dissipent ; il faut lui expliquer la progressivité et les séquences du traitement. L’enjeu, au-delà de l’érection, c’est de retrouver une sexualité amoureuse.
Chez les hommes qui vivent seuls, certains imputent leurs difficultés sexuelles à leur solitude. La problématique n’est pas celle d’un couple et la prise en charge doit être centrée sur une représentation de la sexualité, de l’amour et de la relation à deux. Pour les hommes aux multiples partenaires, le problème essentiel qu’ils évoquent est leur difficulté de sevrage. Quant aux homosexuels, certaines études récentes viennent montrer que les problématiques ne sont guère différentes de celles des hétérosexuels.
Communication du Dr Marie-Hélène Colson (médecin sexologue, Marseille). Table ronde parrainée par les laboratoires Bayer.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024