Au cours de la dernière décennie, un certain nombre de travaux ont permis de distinguer différents types d’éjaculation prématurée. « Il y a d’abord l’éjaculation prématurée primaire, celle qui a existé dès le début de la vie sexuelle et qui touche environ 2 à 3 % de la population adulte masculine, explique le Pr Giuliano. Ensuite l’éjaculation prématurée secondaire ou acquise, qui a pu apparaître à l’occasion de circonstances de la vie, et qui concerne 5 à 10 % de la population adulte. Troisième catégorie enfin : l’éjaculation prématurée variable selon les circonstances et les partenaires (10 à 15 % de la population). Enfin, il arrive de voir en consultation des pseudo-éjaculations prématurées. Elles concernent des hommes qui ont le sentiment d’éjaculer trop vite alors que ce n’est pas le cas. Il s’agit d’individus qui ont en tête certains modèles comportementaux et qui sont en recherche de performance ».
Le Pr Giulianon souligne que, de manière récente, les définitions de l’éjaculation prématurée ont un peu évolué. « Pour faire un diagnostic d’éjaculation prématurée primaire, trois critères doivent être réunis : il faut que l’éjaculation survienne en moins d’une minute, que le patient se plaigne d’une absence de contrôle de son éjaculation et que cette situation soit à l’origine d’une gêne ou d’une souffrance ayant entraîné un besoin de consulter. Aujourd’hui, pour l’éjaculation prématurée acquise, ces deux derniers critères restent valides mais le premier a été un peu modifié : désormais, on retient un délai de moins de 3 minutes pour l’éjaculation ».
Au fil du temps les modes de prises en charge de l’éjaculation prématurée ont connu des évolutions notables. « Au départ, les médecins ont surtout utilisé des thérapies cognitivocomportementales ainsi que certaines techniques de rééducation apparues dans les années 1960, principalement les techniques de stop and go et de squeeze. Il faut bien reconnaître que l’efficacité de ces techniques restait bien difficile à évaluer », souligne le Pr Giuliano.
Dans les années 1990, certains praticiens ont utilisé des antidépresseurs pour aider les patients confrontés à ce problème. « Il s’agissait d’inhibiteurs de recapture de la sérotonine qui sont prescrits de manière quotidienne et hors AMM. Ce qui n’était pas une situation idéale », convient le Pr Giuliano, en soulignant qu’un tournant s’est produit avec la mise sur le marché de la dapoxétine en 2013. « Il s’agit du premier traitement enregistré dans l’indication de l’éjaculation prématurée. C’est un inhibiteur de recapture de la sérotonine mais avec des caractéristiques pharmacocinétiques différentes de celles des antidépresseurs. Ce médicament peut être pris à la demande, environ une heure avant le rapport. Et il se montre globalement efficace pour retarder l’éjaculation ».
Un autre traitement pharmacologique peut être utilisé mais dans un cadre hors AMM : la crème EMLA. « Il s’agit d’une crème anesthésique locale combinant de la lidocaïne et de la prilocaïne. Le patient doit l’appliquer sur le gland une demi-heure avant le rapport », indique le Pr Giuliano. Enfin, une autorisation de mise sur le marché européenne a été récemment accordée au PSD 502, un spray combinant ces deux anesthésiques. « Il n’est pas encore disponible mais devrait l’être au cours de l’année ».
D’après un entretien avec le Pr François Giuliano, hôpital Raymond Poincaré, Garches et université de Versailles Saint-Quentin.
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