LA QUESTION revient souvent chez les femmes enceintes : avoir des relations sexuelles est-ce nuisible à la grossesse ? Des obstétriciens de Toronto publient une mise au point rassurante pour aider les médecins à conseiller leurs patientes. Si les complications potentielles incluent la menace d’accouchement prématuré (MAP), une infection pelvienne, une hémorragie sur placenta prævia et l’embolie gazeuse, il n’y a aucune raison valable pour contre-indiquer les relations sexuelles chez la grande majorité des femmes.
Le Dr Claire Jones et ses collègues ont repéré néanmoins des situations à risque où le bon sens est d’éviter les relations sexuelles, ce que confirment le peu de données disponibles dans la littérature. À savoir le placenta prævia et les MAP, dont les facteurs de risque spécifiques sont un antécédent de MAP, les grossesses multiples et la béance cervicale.
Chez les femmes à faible risque et en l’absence d’infection génitale basse, l’activité sexuelle n’est pas associée à un risque plus élevé d’accouchement prématuré. Même à terme, il ne semble pas si évident qu’elles favorisent l’entrée en travail suite à une décharge d’ocytocine et de prostaglandines. Quoi qu’il en soit, il ne semble exister aucune conséquence délétère, quel que soit le terme, en cas de grossesse à faible risque.
Colonisation bactérienne
En cas de vaginose à Trichomonas ou à Mycoplasma hominis, le risque semble augmenté, ce qui fait différer la reprise d’activité sexuelle après traitement. L’infection génitale, y compris la colonisation bactérienne asymptomatique, est un facteur bien connu d’accouchement prématuré. C’est pourquoi un dépistage systématique de la vaginose bactérienne est recommandé chez les femmes à risque de MAP.
Il est bien établi qu’un toucher vaginal peut entraîner une hémorragie cataclysmique en cas de placenta prævia. Comme il n’est pas totalement exclu que le contact du pénis sur le canal cervical déclenche un décollement hémorragique, il semble plus raisonnable de déconseiller les rapports sexuels dans cette situation obstétricale. Quant à l’embolie gazeuse, si la complication est très rare, elle peut menacer le pronostic vital. Elle a été observée autour de l’accouchement, en cas de rapports génitaux et oro-génitaux. Il semble que des conditions très particulières doivent être réunies : contact direct entre l’air et le vaisseau avec gradient de pression favorable.
En période postpartum, le risque de lâchage de suture en cas de déchirures périnéales sévères existe dans les deux premières semaines. Les femmes sont alors en général bien trop gênées pour reprendre une activité sexuelle si tôt. La complication la plus fréquente semble davantage en rapport avec des douleurs pendant les rapports. L’allaitement entraîne une sécheresse vaginale par hypœstrogénie. Après la naissance, il semble raisonnable de conseiller aux femmes de reprendre leur activité sexuelle quand elles se sentent prêtes. Des lubrifiants ou des œstrogènes par voie locale peuvent améliorer leur confort.
CMAJ 2011.DOI:10.1503/cmaj.091580.
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