La sexualité des personnes âgées est majoritairement reconnue par les professionnels de santé. Mais, gênés par le sujet, ils l’abordent rarement spontanément.
À TOUT ÂGE, aborder la question de la sexualité, même avec un professionnel de santé, reste tabou. Que dire alors quand il s’agit de la sexualité des personnes âgées… La vieillesse véhicule de nombreuses représentations ambivalentes, entre sagesse et folie ou beauté et laideur. Et si le 3e âge est encore associé à une certaine activité sociale, le 4e est celui de la décrépitude physique. Ainsi, la vieillesse ne peut être qu’une période désexualisée, d’autant plus en l’absence de vocation procréative, longtemps indissociable de la sexualité. C’est dans le but d’identifier les difficultés que rencontrent les professionnels en lien avec la sexualité des personnes qu’ils prennent en charge, qu’une étude* a été menée auprès de 94 professionnels travaillant auprès des séniors. Les résultats de l’enquête montrent que 8 professionnels sur 10 réfutent le fait que « la sexualité n’existe plus après un certain âge ». La sexualité des personnes âgées est donc majoritairement reconnue. Deux professionnels sur trois indiquent que la sexualité est « parfois » abordée, un sur cent qu’elle l’est « souvent ». La discussion est amorcée le plus fréquemment par le sénior (78 %). Même lorsque la sexualité est discutée, elle conserve son aspect tabou. La grande majorité des professionnels abordant la question est parfois gênée (62 %) ; 4 % le sont systématiquement. La question de la source de cet embarras se pose. Est-ce le thème même de la sexualité ou est-ce le fait de l’évoquer spécifiquement avec des personnes âgées qui est en cause ? Il semblerait que ce soit les deux : un professionnel sur deux indique ne pas avoir reçu de formation adaptée à l’écoute de la sexualité en général (n = 19/40) et un sur deux que la sexualité relève de l’intime et ne les regarde pas (n = 19/40). L’absence de connaissances spécifiques sur la sexualité des séniors est le troisième motif évoqué (n = 17/40).
En outre, si ce tabou existe dans la société en général et parmi les professionnels, il est également répandu parmi les personnes âgées elles-mêmes. Il s’agit plus de difficultés générationnelles que liées à l’âge, ces personnes ayant vécu leur sexualité active à une époque où l’expression de la sexualité était limitée voire contrôlée.
L’enquête soulève plusieurs réflexions, notamment la nécessité d’une concertation interdisciplinaire afin d’améliorer la prise en charge de la sexualité des séniors. Certaines solutions peu coûteuses pourraient être envisagées dans un délai court. C’est le cas de la mise à disposition de coordonnées de spécialistes. D’autres demanderont davantage de temps telle la création de formations spécifiques.
Communication de Mathilde Coudray (chargée d’études SIS, Montpellier) et Elisabete de Carvalho (responsable de l’Observatoire SIS).
*Étude menée avec le soutien de l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, et SiS Association.
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