LE TROUBLE du désir est le premier trouble sexuel dont se plaint la femme. Ce trouble peut survenir à tout âge de la vie, bien qu’il existe des périodes plus à risque : la période du post-partum (quelquefois pendant la grossesse) et la période périménopausique, ou après la ménopause.
Lorsqu’une femme vient en consultation pour trouble du désir, le principal est de savoir « d’où les femmes partent » c’est-à-dire d’évaluer la perte de désir de la femme par rapport à elle-même et non par rapport à une « norme ». Généralement, la femme commence à se préoccuper de son trouble du désir lorsqu’elle se rend compte qu’elle ne réagit plus comme elle réagissait auparavant. Il n’est pas rare que l’homme et la femme viennent consulter ensemble, en cherchant un « juge », rôle que ne doit en aucun cas avoir le médecin.
En effet, ajoute le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue et psychosomaticien à Paris, « en consultation, dans la sexualité, il n’y a pas de normes, mais des plaintes. Parmi celles-ci, les 2 partenaires du couple cherchent à savoir, par exemple, qui a raison d’avoir telle ou telle fréquence de rapports sexuels. Mais ce qui importe c’est la fréquence des rapports sexuels réalisés avec envie, car la prise en charge et les conseils ne seront pas les mêmes ».
Pour elles-mêmes, pas pour sauver leur couple.
Selon une enquête IPSOS santé*, réalisée en 2008, focalisée sur le désir, les femmes expriment qu’elles veulent avoir du désir pour elles-mêmes et non pour sauver leur couple. « Les femmes sont aujourd’hui de plus en plus demandeuses d’une sexualité épanouie, ce qui peut avoir pour inconvénient la recherche de performances que les femmes s’imposent à elles-mêmes. » Quand une femme vient en consultation pour baisse de désir, ce qu’elle souhaite c’est être mieux avec elle-même, cela devient donc l’objectif de la consultation.
Un certain nombre de femmes sont demandeuses de médicaments pour pouvoir être aidées, « pourquoi est ce qu’il n’y aurait que les hommes qui puissent être aidés ainsi ? » se disent-elles. « Pour les praticiens, il est rassurant que l’on fasse, enfin, un peu de recherche sur la sexualité féminine », précise le Docteur Sylvain Mimoun.
La recherche sur la sexualité féminine.
Un seul produit existe aujourd’hui, Intrinsa, bientôt un deuxième avec la flibansérine. Intrinsa est un patch à la testostérone, dont l’AMM actuelle ne concerne que les femmes ménopausées chirurgicalement, donc peu de femmes. De plus, la polémique sur le THM (traitement hormonal de la ménopause) semble avoir eu un retentissement sur la prescription de ce patch dont le Dr Sylvain Mimoun regrette l’utilisation trop limitée. « Pourtant, les études menées avec ce produit sur la ménopause naturelle sont finies depuis un certain temps et les résultats sont aussi bons que dans la ménopause chirurgicale. » Si une AMM était obtenue, « cela serait une grande aide pour les femmes et leur médecin, car depuis déjà une vingtaine d’années de nombreux gynécologues intéressés par la sexualité ont pris l’habitude de prescrire de la testostérone chez les femmes ayant une baisse de la libido avec des résultats tout à fait satisfaisants, et ce quel que soit l’âge ».
Autre traitement des troubles du désir, la flibansérine est en cours d’obtention de l’AMM. Ce produit qui est un nouvel agent sérotoninergique dont le mécanisme d’action est d’associer un récepteur un récepteur agoniste 5-HT IA et un récepteur antagoniste 5-HT2A, ce traitement se prend au long cours (1 cp/jour). L’efficacité commence à se faire sentir au bout de 2 à 3 semaines. En pratique, la flibansérine aide à lever le blocage de l’absence de désir. D’après les études réalisées, le résultat est obtenu au bout de 2 mois de traitement en général. Il est sans doute utile de rappeler que bien que le désir ne dépende pas de causes physiologiques, l’aide médicamenteuse est un bon « outil » pour sortir des situations bloquées…
* Enquête parue dans le livre du Dr Sylvain Mimoun « Ce que les femmes préfèrent ». Collection le Livre de Poche. Paris février 2010.
Conflits d’intérêts du Dr Mimoun : Pfizer, Procter & Gamble, Boehringer-Ingelheim.
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