Quelque 14 millions de femmes seront en ménopause en France en 2020. C'est le chiffre annoncé par la gynécologue marseillaise, le Dr Betty Rossin, en introduction d'une communication lors des journées Aius/Sexogyn : « Les femmes ménopausées sont-elles des femmes sèches ? »
La sécheresse vaginale toucherait 1 femme sur 6 à tout âge et environ les 2/3 des femmes ménopausées mais les chiffres sont probablement sous-estimés. « En ménopause, le grand perturbateur de la santé vaginale, en dehors du vieillissement, est la carence oestrogénique dans ses deux aspects, profondeur et durée, poursuit le Dr Rossin. L’écosystème ainsi perturbé va se traduire par des modifications structurales avec pour conséquence, le cortège de "maux secrets" (irritations, brûlures, prurit, dyspareunie, troubles urinaires) sources d’inconfort, de douleurs, d’inquiétudes, d’angoisse et de troubles psychiques. »
Syndrome génito-urinaire
Et cela ne va pas rester sans effet sur la vie sexuelle de ces femmes. « Avant quand une femme de 50 ans arrivait au cabinet, elle pleurait et annonçait : "ma vie est foutue" ; aujourd’hui, elles viennent souvent de changer de partenaire et elles veulent poursuivre leur vie sexuelle », explique la gynécologue. La sécheresse vaginale et ce qu’on appelle aujourd’hui le syndrome génito-urinaire qui touche 50 % des femmes ménopausées, a un impact sur le désir sexuel et la qualité de vie du couple et la fréquence de leurs rapports. Le retentissement de ces pathologies est variable en fonction des profils psychologiques (poids, estime de soi, problèmes psychologiques antérieurs) mais il a été évalué dans de nombreuses études. « Les patientes ressentent une impression de perte de jeunesse et une dégradation de leur estime de soi, une perte d’intimité sexuelle aussi, assure le Dr Claude Hocke, chirurgien gynécologue à Bordeaux. La douleur pendant les rapports est considérée comme le symptôme le plus ennuyeux. Mais les femmes ne demandent pas forcément de l’aide car elles pensent que les symptômes sont liés au vieillissement et ne sont pas pathologiques. La plupart de ces femmes ne parlent pas spontanément de leurs problèmes avec les médecins et utilisent de l’automédication. » Si le sexe ne s’arrête donc pas à la ménopause, il est rare d‘évoquer la question car soulignele Dr Rossin, « la libération sexuelle n’a pas permis d’évoquer le vieillissement des femmes, alors qu’elles continuent de vouloir une vie sexuelle épanouie. Elles n’osent pas en parler ».
Llibérer la parole avec les médecins
Il faut libérer la parole car les solutions existent. En 2017, Des traitements très efficaces et souvent très simples, des traitements hydratants à l’acide hyaluronique ou des oestrogènes locaux peuvent être proposés. Mais aussi le lipofilling, « appliqué en gynécologie dans diverses indications (cicatrices obstétricales, lichen…), assure le Dr Brice Gurriet, gynécologue à Marseille. Il présente un intérêt majeur dans les atrophies vaginales sévères, les antécédents de radiothérapie, les béances vulvaires. » D'autres techniques œuvrent sur la restauration génitale comme le laser. « Son utilisation est la dernière avancée majeure en restauration génitale. D’autres techniques sont en cours d’évaluation, comme la radiofréquence, mais à ce jour, nous ne disposons pas d’un recul suffisant », poursuit le gynécologue. Avec tout ce panel thérapeutique à disposition, il est clair que la sécheresse vaginale à la ménopause n’est plus aujourd’hui une fatalité pour les patientes, à condition d’être entendues.
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