L’ARRIVÉE de la pilule, a fait naître la sexualité en tant que jeu de plaisir et de désir. Bizarrement, aujourd’hui, le problème du plaisir et du désir de la femme en relation avec la contraception est mal connu car très peu d’études ont été faites de manière irréprochable. Et pourtant des centaines de millions de femmes utilisent la pilule ; en France, c’est la méthode contraceptive la plus utilisée (plus de 50 % des femmes).
Côté masculin, on sait que les travaux sur la pilule contraceptive masculine se sont arrêtés à cause de problèmes importants et incontournables sur la fonction sexuelle. Quant aux effets négatifs des préservatifs masculins sur le plaisir, on ne peut nier qu’ils existent chez l’homme comme chez la femme et peuvent entraîner un éventuel changement de la méthode contraceptive. La stérilisation masculine ne change pas grand-chose au désir de la femme et de l’homme, « elle aurait même, selon le Dr Francis Collier, une influence plutôt positive ».
« Il faut insister sur le fait qu’il n’y a aucun effet significatif des dispositifs intra-utérins (DIU) sur la libido. Énormément de fantasmes leur prêtent une efficacité moindre que celle de la pilule. C’est faux et archi faux, insiste-t-il ! Ils sont aussi efficaces que celle-ci, la pilule étant rarement prise de façon correcte… ».
La diminution de la crainte de la grossesse est le facteur important d’une sexualité harmonieuse ; ceci est prouvé depuis une dizaine d’années. Mais les autres bénéfices secondaires, disparition des douleurs, de l’acné… n’ont jamais été appréciés quant à leur influence sur la sexualité.
Testostérone.
Les mécanismes somatiques par lesquels la pilule pourrait, dans un certain nombre de cas, interférer sur la sexualité ont été décrits mais n’ont jamais été confirmés. L’hypothèse la plus à la mode est l’intervention sur le taux de testostérone. Logiquement, les estroprogestatifs (EP) devraient avoir un effet néfaste sur le désir puisque l’augmentation de la production de la protéine de liaison de la testostérone qui apparaît avec la prise d’EP entraîne une diminution du taux de testostérone libre, la seule biologiquement active. « Ce raisonnement n’est pas vraiment confirmé par les quelques travaux publiés, remarque le Dr Collier. Certes, les taux de testostérone libre diminuent sous EP, mais cela ne semble pas affecter la libido de façon évidente. Au contraire, la fréquence et la qualité des rapports semblent supérieures à celles des groupes témoins ».
On ne peut donc pas affirmer que la pilule peut altérer la fonction sexuelle tout court, tout au moins sur le plan statistique.
« Certaines patientes se plaignent d’une altération de leur désir, qu’il est plus logique d’expliquer par des mécanismes psychologiques, sociaux ou conjugaux. Et peut-être aussi par l’énorme pression médiatique qui existe autour de la pilule depuis 6 mois… La plainte de ces patientes doit être explorée car la souffrance est réelle et aussi parce que l’apparente mauvaise tolérance sexuelle d’une contraception est l’un des facteurs de mauvaise observance ».
Communication du Dr Francis Collier (gynécologue-obstétricien, Chru de Lille).
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