Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) appelle le gouvernement à renforcer la lutte contre la consommation croissante d'images et de films classés X par les jeunes.
Les récents résultats de l'enquête « Les addictions chez les jeunes » réalisée par le Fonds actions addictions, la Fondation Gabriel Péri et la Fondation pour l'Innovation politique, inquiètent. Environ 46 % des jeunes garçons ont déjà visionné des films ou des photographies à caractère pornographique et 8 % des 14/15 ans deviennent « addicts » aux images porno en les regardant plusieurs fois par jour. Trop facile d'accès, la consommation de la pornographie en ligne a pour conséquences une sexualisation des enfants, une altération de l'image de la femme et une déshumanisation de la sexualité.
Un appel solennel
« Au sein du CNGOF, nous lançons un appel solennel aux pouvoirs publics pour la protection des enfants et adolescents exposés de plus en plus jeunes à la pornographie », souligne le Pr Israël Nisand, responsable du pôle de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg, président du CNGOF et fondateur du site Info-Ado.
Le CNGOF voudrait infliger de lourdes pénalités aux fournisseurs d'accès qui ne respectent pas l'obligation d'empêcher les mineurs de consulter les sites pornographiques : « 10 millions d'euros à la première incartade, 50 millions en cas de récidive », annonce le Pr Nisand. Aujourd'hui, les jeunes peuvent regarder gratuitement des films d'une violence sexuelle extrême. « Pour les y empêcher, les fournisseurs d'accès devraient notamment imposer des codes ou une carte bleue systématique », suggère-t-il. Le CNGOF demande, en outre, l'application de la loi pour la protection des mineurs et regrette les difficultés rencontrées par les chefs d'établissement pour mettre en place l'éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées (loi du 4 juillet 2001 et circulaire du 17 février 2003).
De nouvelles formes d'anxiété
Autre évolution : d'amateurs de pornographie, les jeunes en deviennent acteurs. « Live shows sexuels, sex tapes, after sex selfies… des applications pour smartphones leur permettent de se mettre en scène dans des situations pornographiques et de partager leurs vidéos. Certaines pratiques issues du X deviennent alors plus fréquentes : éjaculations faciales, sodomie, fellations en groupe… En consultation, je vois émerger de nouvelles formes d'anxiété : demandes de nymphoplastie, interrogations sur la taille du pénis et des jeunes dont la sexualité est dépourvue d'émotion et d'empathie, centrée sur l'action et la relation dominant/dominé », déplore la sexologue Marie-Hélène Colson. Visionner des images pornographiques n'est pas toujours voulu : selon un sondage IFOP auprès d'adolescents de 15 à 17 ans de mars 2017, plus de 50 % des garçons et filles interrogés tombent dessus par hasard. « Ces images peuvent faire l'effet d'un véritable viol psychique », confie le Dr Serge Hefez. Ce pédo-psychiatre à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris qui s'est aussi joint à l'appel, reste néanmoins rassurant : « La majorité des jeunes arrivent à prendre de la distance vis-à-vis de la pornographie et vivre une sexualité épanouie. »
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