« Pour le médecin le thème de la santé sexuelle est encore difficile en France, un sujet tabou, dont les patients ne parlent pas facilement et dont les médecins eux-mêmes ne parlent pas facilement, parce qu’ils ne sont pas formés ou pratiquement pas », a indiqué le Pr Pierre Costa, urologue-sexologue au CHU de Nîmes et président de la fédération française de sexologie et santé sexuelle, lors de la journée de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et promotion de la santé sexuelle organisée au ministère de la Santé.
Pourtant, l’enquête sur la sexualité en France (N. Bajos, M. Bozon, 2008) montrait que les troubles sexuels touchent tous les âges, chez les hommes comme chez les femmes. Méconnaître ces troubles a un impact sur l’éducation des jeunes, sur les relations au sein des familles et sur la santé et la qualité de vie de celui qui en souffre. « Est-ce acceptable aujourd’hui que l’apprentissage de la sexualité pour nos jeunes se fasse par la pornographie ? Quel est le retentissement d’un trouble sexuel sur un couple ? », s’est interrogé le Pr Costa. Pour le patient, la souffrance peut être importante. Chez les hommes souffrant d’insuffisance érectile, on observe « une diminution significative des scores de santé générale, sociale et mentale ainsi qu’une baisse de l’estime de soi et du bien-être émotionnel », a souligné le Pr Costa.
Des conséquences médicales
La survenue d’un trouble sexuel peut conduire à l’arrêt d’un traitement antihypertenseur, antidiabétiques (y compris insuline), hypolipémiant, antidépresseurs, antipsychotiques. Les patients ne le disent pas à leur médecin ce qui les expose à des complications. Le trouble sexuel est un facteur précipitant une addiction ou une dépression ou un suicide notamment chez l’adolescent. Enfin il peut être un indicateur d’une maladie sous-jacente, plus grave, non diagnostiqué, diabète, sténose coronarienne. Et le Pr Costa d’indiquer : « 30 % des patients ayant une dysfonction érectile ignorent leur problème de santé sous-jacent et les prendre en charge s’inscrit dans une démarche de médecine préventive. »
Avec la fédération française de sexologie et de santé sexuelle, il milite pour qu’une consultation spécifique de sexologie soit intégrée dans le parcours de soins. « Lorsqu’un patient se présente avec un trouble sexuel, la possibilité de rencontrer un professionnel formé doit être planifiée », a expliqué le Pr Costa. La prise en charge organisée et rapide serait assurée par un médecin-sexologue, après avis du médecin généraliste.
Le médecin - sexologue est encore une spécialité non reconnue, regrette le praticien. Lors de la formation initiale, seulement quelques heures sont consacrées à la sexualité humaine. Des diplômes d’université (DU) de 3 ans existent et sont reconnus par le conseil national de l’ordre mais seulement 600 médecins-sexologues exerçant en France avec des disparités régionales importantes.
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