Plus des trois quarts des sexologues estiment que l’exercice de la sexologie a un effet bénéfique sur leur vie sexuelle. Leur épanouissement personnel passe par le renforcement de la confiance en soi et de la communication, par la levée des tabous et des inhibitions.
POURQUOI choisir d’être sexologue ? Ça fait quoi de parler de sexualité toute la journée ? Le manque d’informations et de bibliographie sur le sujet peut étonner. D’autant, comme le souligne le Dr Béatrice Voisin-Foldès, que « la relation thérapeutique est au cœur de la consultation de sexologie, que les deux histoires, celle du thérapeute et celle du patient entrent en résonance l’une avec l’autre dans la thématique particulière du plaisir ». Que ressent le sexologue lorsqu’il reçoit l’histoire de son patient ? Quels impacts peuvent avoir cette histoire sur sa sexualité ? C’est pour tenter d’évaluer l’éventuelle influence de cet exercice sur la sexualité personnelle des sexologues que le Dr Voisin-Foldès a mené l’enquête en distribuant en mars 2011 aux Assises de sexologie et de santé sexuelle un questionnaire qui a été rempli par 20 % des participants. 149 réponses ont été obtenues.
Sans s’étendre sur la prédominance féminine de la profession et sur le pourcentage important de médecins parmi les sexologues qui ont rempli le questionnaire, il est intéressant de noter que 60 % ont effectué ou effectuent encore un travail psychothérapique. 84 % vivent en couple, ce qui correspond à la moyenne nationale. Si leur statut conjugal n’a généralement pas changé au cours de l’exercice de la sexologie, leur vie de couple a évolué dans un sens favorable ; les ruptures sont rares et dans certains cas ont pu être imputées à la sexologie. Le rôle de la religion est jugé neutre en majorité, mais le couple est d’autant plus stable que l’engagement religieux est important.
La levée des tabous.
Sur le plan intellectuel et culturel, on relève que le plaisir sexuel est important à titre personnel ; qu’au fil de leur exercice, les sexologues sont plus à l’aise avec la parole, avec leur corps, avec leur intimité (70 %). Les sentiments de honte, de gêne et de culpabilité, qui étaient présents avant l’exercice de la sexologie chez 10 à 15 % des sexologues, ont disparu. 40 % des participants à l’enquête ont élargi leur répertoire sexuel, la prise d’initiative a été favorisée, ils se sentent plus désirables. On note une augmentation des rapports sexuels dans 16 % des cas mais une diminution dans 18 %. L’accession à l’orgasme est plus fréquente, surtout chez les femmes (25 % des cas). Le paramètre le plus notablement modifié est l’activité fantasmatique érotique. L’évolution des pratiques sexuelles se fait vers plus d’érotisme et de lectures érotiques. Il y a peu de modifications en ce qui concerne la pornographie (à prédominance masculine), une petite augmentation de l’utilisation des « sex toys » (plutôt chez les femmes mais se méfier de l’effet de mode), un peu plus de masturbation dont les taux étaient déjà assez élevés (de 88 à 100 % chez les hommes) et moins de relations extraconjugales.
L’influence de la sexologie a été notée comme bénéfique sur la vie sexuelle par 77 % des sexologues. Cette satisfaction concerne essentiellement l’épanouissement personnel, le renforcement de la confiance en soi et de la communication, la levée des tabous et des inhibitions.
Une question ouverte concernait les motivations de la pratique de la sexologie. 80 % ont invoqué un motif professionnel et près de la moitié des motivations plus personnelles, à type questionnement, quête, réparation. Certains évoquent des raisons inconscientes.
Cette étude, comme le souligne son auteur, est incomplète. Mais elle a le mérite d’ouvrir la porte d’un domaine encore inexploré. Elle permet déjà aux sexologues de mieux se connaître, d’améliorer la relation thérapeutique et de mieux accompagner leurs patients vers le plaisir.
Communication du Dr Béatrice Voisin-Foldès (médecin sexologue, Saint-Germain-en-Laye).
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024