La maladie de Lapeyronie donne en général une courbure acquise de la verge, qui se traduit le plus souvent par une déformation progressive au niveau dorsal (vers le haut) ou dorsolatéral, des douleurs en érection dans deux-tiers des cas et assez souvent une rigidité de moins bonne qualité.
Elle évolue en deux phases. Une phase d'installation, de 6 mois environ, avec déformation progressive de la verge et le plus souvent des douleurs et troubles de l'érection. Elle est suivie d'une phase caractérisée par une disparition des douleurs, une stabilisation de la déformation dans deux-tiers des cas, mais une amélioration dans 10 à 15 % des cas ou une aggravation dans 15 à 20 % des cas est également possible.
« La confirmation du diagnostic se fonde avant tout sur la palpation de la verge, car l'échographie comme l'IRM peuvent être normales surtout au début », indique le Dr Antoine Faix.
La physiopathologie de la maladie reste mal connue et les possibilités thérapeutiques étaient jusqu'alors très limitées.
Lors de la phase d'inflammation, l'objectif est de calmer les symptômes et le traitement fait appel aux antalgiques, avec parfois des injections directes dans la zone de fibrose de corticoïdes ou de vérapamil, également une traction de la verge quotidienne avec un appareil adapté ou aux ultrasons pour stabiliser la maladie et diminuer les douleurs persistantes. « Tous ces traitements ont une efficacité limitée, et la vitamine E parfois préconisée n'a jamais fait la preuve d’un bénéfice », souligne le Dr Antoine Faix avant de préciser que la prescription d'inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (sildénafil, vardénafil, tadalafil, avanafil) permet d'améliorer la rigidité en cas de perte d’érection associée aux autres symptômes.
Une alternative à la chirurgie
Après 12 à 18 mois, lorsque la maladie est stabilisée, le seul traitement était jusqu'à il y a peu chirurgical, avec plusieurs techniques possibles : plicature, incision de la plaque avec greffe, parfois pose d'un implant pénien.
Une alternative médicale est disponible depuis décembre 2016 : les injections de Xiapex, une collagénase à base de Clostridium histolyticum, substance enzymatique qui agit sur les fibres de collagène et qui est utilisée dans la maladie de Dupuytren depuis plus de 2 ans. Le traitement permet d'assouplir la zone de fibrose ce qui se traduit par une amélioration de la déformation de la verge d’en moyenne 20° chez les deux-tiers des patients et peut leur permettre de retrouver une vie sexuelle satisfaisante grâce à une déformation moins importante. Plusieurs injections sont en général nécessaires, en moyenne 3 ou 4, mais pouvant aller jusqu'à 8, le plus souvent à un mois d'intervalle. Elles doivent être suivies d'un stretchnig quotidien de la verge pour favoriser l'efficacité du produit. « Les meilleurs résultats sont observés en cas de courbure dorsale de 30 à 45°, précise le Dr Faix. Les effets secondaires sont en général minimes, mais très rarement des hématomes importants ou des ruptures de plaque fibreuse nécessitant une intervention en urgence ont été décrits. C'est pour cette raison que le geste ne peut être réalisé que dans un environnement médical, par un urologue ayant suivi une formation spécifique validée par l'Association française d'urologie, pour maximaliser les chances d’efficacité et minimiser les risques ».
Le Xiapex représente donc une nouvelle option dans la maladie de Lapeyronie stabilisée, en alternative à la chirurgie ou à défaut avant un geste chirurgical qui pourrait être plus simple. Ses limites sont les rares cas de complication sévère (0,5 %) et son coût élevé, en l'absence de remboursement en France à l’heure actuelle.
D'après un entretien avec le Dr Antoine Faix, Montpellier, responsable du Comité d'andrologie et de médecine sexuelle de l'association française d'urologie (AFU)
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