Consommation de GHB : les effets sur la mémoire démontrés par imagerie pour la première fois

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Publié le 08/10/2018
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Crédit photo : PHANIE

La prise régulière de gamma-hydroxybutyrate (GHB) produirait des modifications cérébrales à long terme qui se traduisent par un impact négatif sur la mémoire à long terme et la mémoire de travail, selon des résultats présentés au congrès annuel du collège européen de neuropsychopharmacologie.

Les chercheurs de la faculté de médecine d'Amsterdam ont recruté 81 consommateurs réguliers de GHB, dont 27 ont connu plusieurs épisodes de coma provoqués par la prise de GHB, 27 sont des expérimentateurs n'ayant pas connu d'épisode de coma, et 27 sont des polyconsommateurs de différentes drogues qui n'ont jamais pris de GHB. Chaque participant devait réaliser un test de lecture, et répondre à des questions sur leurs états d'anxiété, de dépression et de stress. De plus, des exercices cognitifs leur ont été imposés sous IRM fonctionnel.

Les auteurs ont établi 2 constatations : en premier lieu, tous les usagers de GHB sont plus susceptibles de présenter des troubles de reconnaissance et des émotions négatives que les consommateurs d'autres drogues. Par ailleurs, des antécédents de coma sont associés à un quotient intellectuel plus faible pour un niveau d’étude comparable et à une augmentation de 63 % et de 23 % en termes de stress et d'anxiété, respectivement. Les données de l'imagerie indiquent en outre des altérations de l'activité cérébrale impliquée dans les processus de mémorisation, chez les participants ayant connu des épisodes de coma.

L'intensité des connexions entre des régions de l'hippocampe et le gyrus fusiforme est notamment réduite. C'est aussi le cas des connexions entre le carrefour temporo-pariétal et 3 régions situées dans le gyrus angulaire, le gyrus occipital moyen et le gyrus temporal moyen.

Un signe d'hypoxie

« C'est la première fois qu'une étude s'appuie sur l'IRM fonctionnel pour mesurer les effets du GHB », a commenté, lors de sa présentation, le premier auteur de l'étude, le Dr Filipa Raposo Pereira. « Il est possible que ces dommages soient le reflet de périodes d'hypoxie dues aux concentrations excessives de GHB dans le cerveau », ajoute le Pr David Nutt, du college impérial de Londres en charge de commenter les résultats en session orale.

Le GHB est une molécule anesthésique disposant d'une double action : euphorisante, puis sédative. Principalement consommé dans les espaces festifs gays, le GHB a connu un regain d'intérêt depuis 2005 selon le réseau d’observation TREND de l'OFDT qui juge le phénomène extrêmement marginal chez les jeunes de 17 ans.

L’expérimentation du produit parmi les 15-30 ans atteint 0,3 % en 2010, toujours selon l'OFDT. Depuis 2015, le produit semble connaître un nouveau cycle de diffusion vers l’espace festif commercial, notamment lors des soirées gay friendly, pendant lesquelles il est consommé par une population mixte, jeune et hétérosexuelle.

Malgré sa faible prévalence, la consommation de GHB cause d'importantes conséquences. En 2016, selon les résultats issus de 4 874 passages aux urgences dans 19 hôpitaux du réseau sentinelle dans 13 pays européens, relayés dans le rapport européen des drogues 2017, le GHB est la 4e drogue la plus consommée dans le cadre de passages aux urgences, après l'héroïne, la cocaïne et le cannabis.


Source : lequotidiendumedecin.fr