Si l'ambiance était chaleureuse pendant les trois jours des 30e rencontres de la coordination nationale, l'heure n'est pas à la fête pour les petits hôpitaux. Un mois après l'annonce d'un plan santé qui les inquiète, ils se sentent plus que jamais isolés.
« Nous n'avions pas d'illusions sur les annonces qui allaient être faites », recadre d'emblée Hélène Derrien, présidente de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité. Pourtant, « l'usage systématique du terme proximité », utilisé par Emmanuel Macron dans son discours sur la stratégie de transformation du système de santé, pouvait entretenir l'espoir. « Malheureusement, nous n'en partageons pas la même définition », s'amuse-t-elle.
La proximité bafouée ?
L'avocate des petits hôpitaux craint pour la survie même des établissements de proximité au moment où le gouvernement envisage clairement la fermeture d'activités ou de services lorsque des plateaux techniques sous-utilisés deviennent « dangereux » ou ne disposent pas de praticien qualifié pour les sécuriser. « Cette notion de danger ne repose sur rien de scientifique », s'offusque Hélène Derrien. « On peut comprendre qu'un chirurgien qui ne pratique pas suffisamment puisse faire courir un risque à ses patients, mais au lieu de fermer son service de proximité, il faut lui permettre d'aller se former ou s'entretenir dans un CHU », suggère-t-elle.
Menacées également, les petites maternités font partie des préoccupations de la coordination. Hélène Derrien refuse la fermeture – en raison du manque de gynécologues-obstétriciens – d'établissements de proximité consacrés aux grossesses et aux accouchements sans risque. « Dans ces maternités, ce sont les sages-femmes les professionnelles les plus importantes et nous n'en manquons pas ! » Une autre inquiétude concerne les urgences, également concernées par la refonte de la carte sanitaire.
Au-delà, la coordination redoute une « réorganisation complète de l'offre de soins sur le territoire » qui fragilise la proximité au profit des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et du secteur privé.
Comment se faire entendre ?
Jamais approchée par l'exécutif dans le cadre des réflexions sur la stratégie de transformation du système de santé, la coordination nationale déplore cet ostracisme. « La principale problématique aujourd'hui est de faire porter nos propositions », admet Hélène Derrien. Malgré le succès de cette édition (environ 150 personnes venues de toute la France), l'organisation manque de relais. « Nous avons beau être une association agréée par le ministère de la Santé, nous n'avons pas de représentation institutionnelle », regrette la patronne du comité de défense de l'hôpital de Concarneau. Un sentiment d'oubli qu'éprouve aussi Claire Marquet du collectif Nord-Deux-Sèvres. « Nos réunions sont porteuses d'espoir, ça permet de se sentir moins seul. »
Afin de peser davantage, la coordination a postulé pour obtenir un siège à la Conférence nationale de santé (CNS), en vain. « Nous avons reçu un courrier du ministère indiquant que notre demande avait été refusée, sans plus d'explications », explique, vexée, Hélène Derrien. Malgré cet échec, la Bretonne n'a pas l'intention de renoncer. Mais dresse un constat lucide : « Il ne nous reste que le contact avec la population pour se faire entendre ».
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