Quel lien existe-t-il entre la navigatrice et présidente de WWF-France Isabelle Autissier, Yann Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot, l’eurodéputé José Bové, la députée socialiste et ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho, l’eurodéputé et ex-Greenpeace France Yannick Jadot et la réalisatrice Marine-Monique Robin ? Ces 7 personnalités de l'écologie ont toutes donné une mèche de cheveux l’association Générations futures. Les résultats des analyses sont consignés dans le neuvième rapport EXPPERT sur l’exposition aux perturbateurs endocriniens. « Techniquement, avec une mèche de cheveu de trois centimètres, on a un film de ce qui est passé dans le sang durant les trois derniers mois », explique François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures.
Pour des raisons de coûts, les analyses se sont limitées aux familles du bisphénol et phtalates, PCBs et pesticides. Au total, environ 200 perturbateurs endocriniens ont été recherchés dans les cheveux des personnalités qui se sont prêtées à l’expérience. « Sur toutes les molécules recherchées, entre 36 et 68 ont été retrouvées chez les participants dont les cheveux ont été soumis à analyse », indique le rapport EXPPERT9.
Contamination généralisée
En dehors de Yannick Jadot dont les PCBs n’ont pas pu être recherchés, les résultats des analyses complètes des six autres participants oscillent entre 36 et 65 substances retrouvées, respectivement chez Delphine Batho et Isabelle Autissier. Les concentrations totales des perturbateurs endocriniens quantifiés dans les échantillons de cheveux varient de 9 031 pg/mg (Delphine Batho) à 158 643 pg/mg (Isabelle Autissier). Des résultats qui ne surprennent pas l’ancienne ministre de l’Ecologie : « Quels que soient les degrés d’exposition et le nombre de substances, il y a une contamination généralisée », constate Delphine Batho. « J’essaie de manger bio, je fais attention avec les cosmétiques, je fais le ménage avec du vinaigre et quand je vois mes résultats, cela fait un choc », confie pour sa part Isabelle Autissier, la plus contaminée de l’échantillon. Dans le détail, son analyse de cheveux met en évidence 2 bisphénols (à une concentration de 1 044 pg/mg), 11 phtalates (156 994 pg/mg), 30 PCBs (153,7 pg/mg) et 25 pesticides (481,5 pg/mg).
Parcours de vie
« Si je dois relier cela à mon parcours de vie, il se trouve que pendant quinze ans, j’ai traîné dans des chantiers de construction de bateau avec les résines, les solvants, les plastifiants. Autant de produits extrêmement rémanent sur plusieurs dizaines d’années », commente la navigatrice. « Bien que cette enquête repose sur un échantillon non statistiquement représentatif, elle vise à éclairer les questionnements que nourrissent le public et notre organisation sur la présence de résidus de perturbateurs endocriniens dans l’environnement, l’alimentation et nos organismes », souligne Générations futures dans son rapport.
Une piqûre de rappel alors que la Commission européenne va une nouvelle fois tenter de faire passer ses controversés critères de définition des perturbateurs endocriniens lors d’un vote à l’issue encore incertaine programmé le 28 février prochain.
Proposition du Sénat
Ce mercredi, le Sénat a adopté une proposition de résolution visant à renforcer la lutte contre l'exposition aux perturbateurs endocriniens. L'auteur de la proposition, Aline Archimbaud (Écologiste - Seine-Saint-Denis) a souligné que l'utilisation de perturbateurs endocriniens était massive dans tous les secteurs d'activité. Elle regrette par ailleurs, que l'établissement des normes d'exposition aux perturbateurs endocriniens n'est pas réalisé en tenant compte de l'effet cocktail de ces substances sur la santé humaine. Dans sa proposition, elle souhaite en particulier que l'utilisation des phtalates, classés comme substances cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), soit interdite dans les jouets, les produits cosmétiques et dans tous les dispositifs médicaux et appelle le gouvernement à intervenir avec fermeté au niveau européen pour défendre l'intérêt général et la santé publique.
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