L'offre de santé en Guyane et aux Antilles française est « insuffisante et inadaptée aux contraintes des territoires » et ne « permet pas un déploiement approprié des dispositifs de prévention, de dépistage et de prise en charge des IST », constate le Conseil national du sida (CNS) dans un avis réalisé à la demande du Directeur général de la santé et du Directeur général des Outre-mer.
Le CNS dresse une liste de 30 recommandations très concrètes adressées aux directeurs généraux des ARS, au directeur général de Santé publique France François Bourdillon, aux présidents des COREVIH, et à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, mais aussi aux préfets et au ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Ils insistent notamment sur le renforcement de l'offre publique et gratuite de prévention et de dépistage du VIH et des autres IST et sur les actions de sensibilisation à la santé sexuelle auprès des acteurs du champ social et médico-social. Ils proposent aussi de nombreuses pistes en ce qui concerne la coopération entre acteurs locaux et nationaux (ARS, acteurs associatifs, préfectures, rectorats, commissions de coordination des politiques publiques, collectivités locales etc).
La Guyane ayant un grand nombre de ressortissants étrangers sur son territoire, dont certains provenant de zones de fortes prévalences comme le Suriname, le CNS préconise un renforcement de la protection de leur santé, et en particulier celle des ressortissants étrangers demandeurs du titre de séjour pour raison de santé reçus par les médecins de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII).
Régions sinistrées
Les départements de Guyane, de Martinique et de Guadeloupe présentent une incidence et des pourcentages d'infections non diagnostiquées et d'infection diagnostiquées tardivement supérieurs aux moyennes nationales. La Guadeloupe, la Guyane et l’île de Saint-Martin sont par ailleurs les endroits en France où ces taux sont les plus élevés. Les infections par le virus de l'hépatite B sont, de plus, parmi les plus fréquentes de France en Guyane et en Guadeloupe. Ces dernières années ont en outre vu émerger une progression du nombre de cas de syphilis et de gonococcies.
Le CNS attribue ces mauvais résultats à la précarité économique et sociale, ainsi qu'à certains contextes sexuels plus souvent observés dans ces régions qu'en métropole : précocité des relations sexuelles chez les garçons, rapports sexuels payés et multiplicité des partenaires. En outre, les populations sont « confrontées à un retard de développement qui ne favorise ni l'entrée ni le maintien dans le système de santé », poursuit le rapport du CNS.
Des dysfonctionnements à plusieurs niveaux
Le CNS constate des dysfonctionnements à corriger, à commencer par l'accroissement des ressources en faveur de la prévention par les ARS et des moyens attribués par les collectivités aux centres de planification et d'éducation familiale par les collectivités locales. Par ailleurs, les moyens mis en œuvre pour lutter contre la désertification médicale de ces territoires sont considérés comme étant insuffisant, de même que les offres de dépistage mobile.
Ils dressent toutefois un bilan positif de la médiation en santé, jugée « particulièrement adaptée à la grande diversité des communautés [...] à leur exposition à la précarité sociale et économique et à l'enclavement de certains territoires », bien qu'un travail de professionnalisation de cette médiation reste à faire.
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