L’HYPERTROPHIE BÉNIGNE DE LA PROSTATE (HBP) est une des affections bénignes les plus fréquentes chez l’homme de plus de 40 ans. « C’est l’égale du fibrome de l’utérus chez la femme. C’est un adénofibromyome », précise le Pr Pierre Costa (urologue, Nîmes). En effet, l’HBP comporte 3 composants tissulaires : muscle lisse, stroma fibreux et glandes épithéliales. « Les adénomes sont différents les uns des autres, insiste le spécialiste. Les adénomes à prédominance fibreux sont très dysectasiants et risquent d’être opérés plus vite, les adénomes riches en cellules musculaires lisses vont bien répondre aux alphabloquants, ceux à prédominance épithéliale vont davantage répondre aux extraits de plantes, etc. ».
L’hyperplasie cellulaire est pathognomonique
Les Anglo-Saxons les nomment « hyperplasie » de la prostate car les cellules sont géantes et refusent de mourir. « Cela pose la question de la régulation de la mort cellulaire programmée, c’est-à-dire de l’apoptose », s’interroge le Pr Costa. De nombreuses recherches sont menées pour comprendre la bénignité de cet adénome et les liens potentiels avec le cancer. L’adénome ne se cancérise que très rarement, mais HBP et cancer peuvent très bien coïncider et des foyers de cancer peuvent naîtrent au sein d’un adénome, d’où la nécessité de bien analyser les pièces d’adénomectomie et les copeaux de résection. La prévalence de l’HBP varie selon que l’on s’appuie sur les résultats d’études histopathologiques, autopsiques (HBP microscopique), sur les résultats d’études anatomiques qui prennent en compte le volume ou le poids de la prostate (HBP macroscopique) ou sur les résultats d’études cliniques qui s’intéressent aux répercussions fonctionnelles du bas appareil urinaire (HBP clinique).
HBP microscopique
Toutes les études histopathologiques ont montré que l’HBP était fréquente et que sa prévalence augmentait avec l’âge : 0 % avant 30 ans, 23 % chez les hommes de 41 à 50 ans, 82 % chez ceux entre 71 à 80 ans(1).
HBP macroscopique
L’HBP macroscopique est très fréquente : 14 % entre 40 et 49 ans, 50 % entre 60 et 69 ans(2).
HBP symptomatique
Selon les études réalisées en France, de 7 à 27 % des hommes de 50 à 70 ans présenteraient des troubles mictionnels modérés ou sévères. Mais le diagnostic n’est pas toujours facile à poser. En effet, les troubles mictionnels n’étant pas spécifiques de l’HBP, d’autres causes sont possibles et un diagnostic différentiel doit être réalisé. L’HBP est un facteur étiologique des symptômes urinaires chez moins de 50 % des patients(3). Les mécanismes principaux impliqués dans la survenue des SBAU de l’homme sont l’obstruction (HBP principalement), mais aussi l’hyperactivité vésicale, (impériosités d’origine vésicale), l’hypoactivité vésicale (pollakiurie liée au résidu) et la polyurie nocturne(4).
Les SBAU sont classiquement séparés en :
– SBAU de la phase mictionnelle (difficulté à démarrer la miction, diminution de la force du jet, interruption du jet, nécessité de pousser, gouttes terminales) ;
– SBAU de « la phase de remplissage » (nycturie, pollakiurie, urgenturie, incontinence par urgenturie) ;
– SBAU de « la phase postmictionnelle » (gouttes retardataires, impression de vidange complète).
« En présence de troubles mictionnels, d’une hypertrophie marquée de la prostate, et en l’absence d’une autre cause, il est cohérent de relier les SBAU à une HBP », affirme l’urologue. Le diagnostic positif d’une augmentation de volume de la prostate doit être réalisé. Cela peut être fait grâce au TR, toutefois le TR ne fait pas d’évaluation précise du volume prostatique (sous-estimation ou surestimation) et est discriminant uniquement pour les prostates volumineuses (› 50 cm3). Il est néanmoins recommandé par toutes les sociétés savantes et par la Haute Autorité de santé(5) (HAS). Il a deux intérêts majeurs : confirmer la présence d’une HBP et vérifier l’absence d’un carcinome prostatique indifférencié localement avancé qui n’a pas augmenté le taux de PSA. L’échographie prostatique donne aussi le volume de la prostate et montre en plus l’éventuelle existence d’un lobe médian, qui est un facteur d’échec des traitements médicaux et peut donc conduire plus rapidement à une décision chirurgicale. Le PSA augmente aussi avec le volume prostatique. Échographie et PSA sérique sont plus performants que le TR. Le PSA est moins performant que l’échographie transrectale.
Réunion organisée avec le soutien institutionnel des laboratoires Abbott
(1) Berry SJ et coll, 1984.
(2) Fourcade RO et coll. Presse Méd 2002;31:202-210.
(3) Scan J Urol Nephrol. 2005;39(2):154-9.
(4) Chapple CR, Roeheborn G. A shifted paradigme for the further understanding, evaluation, and treatment of lower urinary tract symptoms in men : focus on the bladder. Eur Urol 2006;4:651-8.
(5) Recommandations de bonne pratique. Prise en charge diagnostique et thérapeutique de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Mars 2003. www.has-sante.fr.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024