« La présence de sang dans le sperme est un symptôme très impressionnant, qui pour la plupart des hommes représente symboliquement une pathologie grave, alors que ça ne l’est que rarement », rappelle le Dr Antoine Faix, avant de préciser la principale étiologie est une inflammation prostatique plus ou moins larvée. La composition de l’éjaculat est le reflet les étiologies possibles : produit des vésicules séminales pour 60 %, sécrétions prostatiques pour 30 % et sécrétions des glandes de Cowper et spermatozoïdes pour 10 %.
Face à une hémospermie, dont l’incidence est mal connue, l’homme consulte en général assez rapidement. Selon les cas, le sperme peut être franchement rouge, seulement rosé voire de couleur rouille si l’hémorragie est plus ancienne. L’hémospermie peut être isolée ou s’accompagner de douleurs à l’éjaculation ou de signes urinaires. L’interrogatoire permet d’éliminer un saignement d’origine uréthrale, qui survient en dehors de toute éjaculation, ou une hématurie, plus évocatrice d’une pathologie du col vésical que de la prostate. La notion de biopsies de la prostate récentes doit être bien sûr recherchée, mais en général les patients ont été prévenus du risque d’hémospermie dans les semaines suivant le geste. L’interrogatoire permet également de préciser les antécédents et d’orienter le cas échéant vers une cause rare telle qu’une tuberculose ou une bilharziose. Dans ce contexte, l’hémospermie est rarement isolée et l’examen retrouve alors fréquemment un contexte évocateur et souvent un nodule épididymaire (recherche BK urines à effectuer).
L’examen clinique comporte un toucher rectal, qui peut être sensible voire douloureux témoignant d’une inflammation. Il est complété par un examen cytobactériologique des urines (ECBU) et une échographie sus-pubienne (l’échographie endorectale étant le plus souvent inconfortable et le plus souvent inutile).
L’ECBU doit être réalisé sur les urines du premier jet, avec une recherche de Chlamydia par PCR chez le patient jeune avec possibilité d’IST, avec en cas de confirmation un traitement antibiotique adapté (tétracyclines). Chez les hommes de plus de 40 ans, la prostatite est le plus souvent à germe communautaire (E. coli, Klebsielle, entérocoque). Le traitement fait alors appel à une antibiothérapie d’au moins 15 jours ; une quinolone est prescrite en première intention et l’antibiothérapie est ensuite adaptée en fonction des résultats de l’antibiogramme.
Si l’examen d’urines n’est pas contributif -absence de germes, leucocyturie, hématurie-, une spermoculture peut être demandée en cas de persistance et d’association à d’autres signes cliniques.
L’échographie peut parfois mettre en évidence des calcifications prostatiques ou une prostate hétérogène, évocatrice d’une poussée inflammatoire.
Chez l’homme âgé, en dehors de toute inflammation, l’hémospermie peut être favorisée par la prise d’antiagrégants plaquettaires ou d’anticoagulants : elle découle alors de la rupture de petits vaisseaux présents sur un adénome et s’accompagne volontiers d’une hématurie.
Un bilan prostatique avec dosage du PSA est systématiquement réalisé chez l’homme d’âge mûr : une augmentation du PSA peut témoigner d’une inflammation, notamment si elle est rapide (comparativement à un dosage de référence récent). À côté du traitement de l’inflammation, il faudra discuter de la prise en charge de l’adénome.
Enfin, lorsque l’hémospermie persiste, une urétrocystoscopie est envisagée. De même, en présence d’une hématurie associée, une exploration s’impose, associant cytologie urinaire et cystoscopie.
D’après un entretien avec le Dr Antoine Faix, responsable du comité d’andrologie de l’Association française d’urologie.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024