SAUMON-BROCOLIS plutôt que steack-frites ? Si ce changement de menu n’a pas de quoi rallier a priori l’adhésion de ces messieurs, une étude américaine sur la fertilité masculine saura peut-être mieux les sensibiliser aux vertus du régime crétois. « Si les hommes modifiaient leur alimentation (...), ils amélioreraient non seulement leur état de santé mais aussi leur fonction reproductrice », insiste le Pr Jill Attaman, du Massachusetts General Hospital et enseignante à la Harvard Medical School. En analysant le sperme et les habitudes alimentaires de 99 hommes ayant consulté un centre de procréation médicalement assistée (PMA), le Pr Attaman et son équipe ont mis en évidence une corrélation entre consommation de lipides et qualité du sperme. Une alimentation riche en acides gras insaturés semble ainsi délétère en étant associée à davantage de cas d’oligospermie. A contrario un régime riche en oméga-3 a des vertus protectrices en diminuant le risque d’anomalies morphologiques des spermatozoïdes.
131 aliments passés au crible.
Près de 60 % des couples venus consulter entre décembre 2006 et août 2010 au centre de PMA du Massachusetts General Hospital ont été invités à participer à l’étude. Sur les 173 sujets recrutés, 99 ont été retenus pour l’analyse au final. L’enquête diététique était réalisée à l’aide d’un questionnaire portant sur 131 aliments. Il y est question de renseigner à quelle fréquence au cours de l’année précédente chaque aliment spécifique était consommé, selon une grille à 9 catégories, allant de jamais à 6 fois/jour.
Le compte total de spermatozoïdes correspond au nombre total contenu dans l’éjaculat, tandis que la concentration spermatique est définie le nombre par unités de volume. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un spermogramme normal correspond à un compte total de spermatozoïdes dans l’éjaculat d’au moins 39 millions et à une concentration d’au moins 15 millions/ml.
Un effet indépendant de l’obésité.
Les participants étaient d’origine caucasienne à 89 % et âgés en moyenne de 36 ans. Plus de 70 % des sujets étaient en surpoids ou obèses et 67 % n’avaient jamais fumé. Au total, 41 sujets (41 %) avaient un sperme normal, tandis que 12 (12 %) ont présenté une concentration ‹ 20 millions/ml, 52 (53 %) une mobilité ‹ 50 % et 32 (32 %) une morphologie anormale. Le tiers des hommes consommant le plus de lipides avaient un compte total inférieur de 43 % et une concentration inférieure de 38 % par rapport au tiers en consommant le moins. Cette association tenait à l’apport en acides gras saturés, puisque le groupe consommant le plus de graisses saturées avait un compte total inférieur de 35 % par rapport à ceux en consommant le moins, et une concentration en spermatozoïdes inférieure de 38 %. Le tiers des hommes à forte consommation d’oméga-3 avaient en revanche 1,9 % moins d’anomalies morphologiques des spermatozoïdes que le tiers le plus faible. Il est intéressant de noter également que les chercheurs ont pu isoler l’effet des apports lipidiques de celui de la surcharge pondérale à l’aide de modèles statistiques. « D’ailleurs la fréquence de l’obésité n’était pas différente de celle observée dans la population générale », explique le Pr Attaman.
Une cause masculine à l’infertilité du couple est identifiée dans 40-60 % des cas, et est seule en cause dans environ près de 20 %. L’influence de l’alimentation sur la fertilité masculine était suspectée depuis longtemps sans avoir jamais été prouvée. Seuls quelques facteurs de risque étaient bien identifiés, comme le tabagisme, la forte consommation de cannabis, l’alcool, la cocaïne et l’exposition des testicules aux fortes chaleurs. Même si l’étude du Pr Attaman et coll. est la plus importante à ce jour sur l’association entre lipides et fertilité, les chercheurs insistent sur le fait que l’on ne peut pas pour autant considérer les acides gras comme une cause à l’infertilité et concluent « à la nécessité de reproduire ces résultats compte tenu que l’étude est transversale et qu’elle est la première du genre ».
Human Reproduction, 2012, en ligne. doi:10.1093/humrep/des065
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024