À l'occasion de la Saint-Valentin, la Fédération française de cardiologie souhaite promouvoir l'idée que l’activité sexuelle du patient cardiaque doit être abordée en consultation. L'activité sexuelle est en effet bénéfique pour la santé cardiovasculaire et peut participer à un cercle vertueux avec l'activité physique qui va accroître le désir, via la sécrétion d'endorphine.
Contrairement aux idées reçues, les patients atteints de maladies cardio-vasculaires peuvent poursuivre une sexualité régulière. « Le risque d’un événement cardio-vasculaire au cours de l’activité sexuelle est faible et ne doit pas, dans la très grande majorité des cas, conduire à une restriction », résume le Pr Claire Mounier Vehier présidente de la Fédération française, qui participe à un diplôme inter-universitaire de sexologie clinique à l'université de Lille 2.
La Fédération de cardiologie conseille aux patients cardiaques de ne pas arrêter seul son traitement face à des troubles sexuels, de modifier l'hygiène de vie par l'activité physique régulière, l'arrêt du tabac, la réduction de la consommation d'alcool, la diminution des anxiolytiques, des somnifères et des antidépresseurs. Elle préconise aussi le dépistage de l'apnée du sommeil, cause fréquente de troubles de l’érection.
Le consensus de Princetown
En matière de sexualité chez les patients cardiaques, les cardiologues se réfèrent aux recommandations de l'American Heart Association, issues du consensus de Princetown et publiées en 2012. L'activité sexuelle est une activité physique d'intensité modérée : 30 watts avec un partenaire habituel et 60 watts avec un nouveau partenaire. « Nous raisonnons en termes de "feu rouge", "feu orange" et "feu vert", explique le Pr Mounier-Vehier, pour toute situation cardiaque ou vasculaire instable (infarctus récent, tension systolique supérieure à 160 mmHg, fibrillation auriculaire, anévrisme en attente d'opération), le feu est rouge, comme pour toute autre activité physique. Le feu est orange si le statut du patient est incertain, et vert si l'hypertension est contrôlée, ou que la rééducation post-infarctus se déroule bien. »
Un exemple de situation « feu orange » est celle du patient qui vient pour la première fois dans le cabinet et demande s'il peut prendre du tadalafil contre des problèmes d'impuissance. « Il faut a minima faire un bilan avec prise de tension, électrocardiogramme et épreuve d'effort pour écarter tout risque de maladie cardiovasculaire non diagnostiquée », détaille le Pr Mounier Vehier. Certaines configurations constituent des facteurs de risque, comme la présence d'un nouveau partenaire, d'un partenaire plus jeune, ou s'il s'agit d'une relation extraconjugale.
Des problèmes sexuels fréquents
Chez les hommes, on estime que 15 % des hypertendus traités souffrent de dysfonction érectile majeure et que, de même que 40 % des patients souffrant de maladie cardiovasculaire stable rapportent de dysfonction érectile majeure. Deux auto-questionnaires sont employés pour évaluer la qualité de la vie sexuelle des patients : le questionnaire IIEF (index international de la fonction érectile) pour les hommes et le BISF-W (Brief Index of Sexual Functioning for Women) dont il existe une version française ou le FSFI (Female Sexual Function Index) chez les femmes.
Les organes sexuels étant très vascularisés, certains traitements des pathologies cardiovasculaires peuvent expliquer les troubles de la libido. C'est notamment le cas des anciennes générations de bêta bloquant (aténolol, propranolol, bisoprolol) mais « pas des nouveaux », explique le Pr Monier Vehier. Les diurétiques abaissant la volémie et peuvent être associés à une dysfonction érectile. C'est aussi le cas des digitaliques, de l'hydrochlorothiazide, et des statines à très forte dose. Enfin, les antidépresseurs et antihypertenseurs d'action centrale peuvent aussi troubler la libido, de même que les périodes de dépression qui suivent un accident cardiovasculaire. « C'est une période délicate ou le conjoint a un grand rôle poursuit le Pr Mounier Vehier, il doit rester un conjoint et ne pas devenir un infirmier avec lequel on n'a plus de vie intime, » prévient-elle.
Les prises d’IPP-D5, médicaments contre la dysfonction érectile, ne sont pas contre-indiqués chez le patient stabilisé, « bien que cela puisse allonger la phase de dépolarisation, rappelle le Pr Mounier Vehier, il est donc déconseillé de les prendre en même temps que les agonistes potassiques ou les composés nitrés. Une fois que l'on a agi sur l'hygiène de vie et que la prescription d'IPPD5 n'a rien donné, il ne faut pas hésiter à passer la main à un endocrinologue, poursuit-elle, les patchs de testostérone marche par exemple très bien chez certains patients ».
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