La compétence en cancérologie pour plus de 500 urologues

Un bilan 2015 très positif !

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Publié le 19/05/2016
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La cancérologie représente une part important de l’activité de soin des urologues. Selon l’enquête menée par l’Institut national du cancer (INCa) en association avec l’Association française d'urologie (AFU), 43 % des urologues inscrits à l'Ordre des médecins consacrent plus de 50 % de leur temps à la cancérologie. Ce qui n'est guère étonnant si l'on considère l’incidence importante des cancers de la prostate, de la vessie et du rein. Il a donc été admis par les tutelles et par les sociétés savantes que plus de la moitié de l’activité des urologues en général concerne la cancérologie. Néanmoins peu d’urologues avant 2015 avaient la reconnaissance ordinale de la compétence en cancérologie. On estimait à 120 « anciens régimes » et 80 DESC de cancérologie (option traitement chirurgical) le nombre total d’urologues inscrits à l’Ordre avec une compétence en cancérologie. En pratique les nouvelles modalités de validation des DES, DESC type 1 et 2 de 2004 ne permettaient plus aux urologues d’avoir accès à la compétence par voie ordinale et barraient la route aux internes pour l’option des traitements médicaux.

Ne voulant pas cautionner une politique qui réduirait la compétence des urologues et ne souhaitant surtout pas sortir la compétence cancérologie chirurgicale de la spécialité, l’AFU s’est opposée à cette mesure discriminatoire qui engendrerait des urologues ayant une « compétence en chirurgie cancérologique » et d’autres n'en ayant pas. Très clairement la formation française à l’urologie (internat et clinicat) comprend la chirurgie cancérologique de l’appareil urinaire et de l’appareil génital de l’homme et, nous considérons donc qu’au terme de cette formation, un urologue est apte à pratiquer cette chirurgie sans diplôme supplémentaire, n'en déplaise à certains oncologues médicaux. Il n’en est pas de même pour la compétence à la primoprescription des traitements médicaux anticancéreux. Nous avons tous été abasourdis en apprenant que les traitements hormonaux de nouvelles générations (Abiraterone et Enzalutamide) étaient réservés aux oncologues « compétents ».

Grâce à une bataille de plus d’un an où nous avons travaillé avec le ministère de la santé et celui de la recherche et de l’enseignement supérieur, nous avons pu réparer cette situation ubuesque d’interdire l’hormonothérapie aux urologues qui la prescrivaient depuis plus de vingt ans. Nous avons pu faire changer la loi (annexe 4’) afin de permettre aux urologues d’accéder, par le DESC, à la compétence en cancérologie (option traitements médicaux). Nous avons pu ensuite faire valoir notre droit à la Validation des acquis de l’expérience (VAE), soit par voie universitaire, soit par voie ordinale. Un an après cette très belle victoire, le bilan est plus que positif puisqu’aujourd’hui plus de 500 urologues ont ou vont avoir cette compétence à prescrire des traitements anticancéreux.

Également l'andrologie et la médecine de reproduction

Pour les urologues la VAE permet d’obtenir des compétences ordinales dans des sur-spécialités comme la cancérologie mais également l’andrologie ou la médecine de la reproduction. Grâce à cette VAE ouverte aux urologues qui peuvent prouver d’une expérience d’une durée au moins équivalente à celle nécessaire pour obtenir le DESC de type I, il est possible d’obtenir la compétence ordinale.

Pour la cancérologie nous avons eu en 2015 un nombre important de demandes. Au total pour l’option traitements médicaux, 62 urologues ont obtenu la VAE universitaire (équivalent donc du DESC de cancérologie) et 258 urologues l'ont obtenu par voie ordinale. Malgré nos recommandations de ne pas postuler à l’option chirurgicale (afin de ne pas séparer notre spécialité en chirurgien compétent en cancérologie et non compétent), une cinquantaine d’urologues ont eu cette compétence (dite option traitement chirurgical) par voie universitaire ou par voie ordinale. Pour 2016, les résultats de la VAE ne sont pas encore connus mais le nombre de demandeurs a été logiquement moins important, autour d’une centaine.

Au total nous pouvons estimer que plus de la moitié des urologues ont ou auront la compétence en cancérologie option traitement médical ce qui permettra de continuer à exercer notre spécialité dans de bonnes conditions en ayant accès à la primoprescription.

Une fois encore nous affirmons qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une compétence spécifique supplémentaire en chirurgie cancérologie : cela serait une erreur politique majeure de scinder notre spécialité dans ce domaine de la chirurgie : l’AFU et le syndicat (SNCUF) sont clairs : pas de demande de VAE en cancérologie option chirurgie.

Enfin et surtout, n’oublions pas que cette autorisation à la primoprescription ne s’usera, comme la presse, si l’on ne s’en sert pas … A bon entendeur : prescrivez !

Secrétaire général de l’Association française d'urologie (AFU)

Pr Thierry Lebret

Source : Bilan Spécialiste