« La survenue d’une hémospermie inquiète beaucoup l’homme, mais lorsque le bilan étiologique retrouve une cause, il s’agit fréquemment d’une pathologie bénigne et transitoire inflammatoire ou infectieuse », indique en préambule le Dr William Akakpo, urologue à la Pitié Salpêtrière.
Un épisode unique d’hémospermie est rarement un motif de consultation. La récidive ou la persistance de ce symptôme motivera une consultation et la réalisation d’explorations complémentaires. L’interrogatoire et l'examen clinique cherchent à étayer le diagnostic : circonstances d’apparition de l’hémospermie, antécédents (troubles de la coagulation, infections sexuellement transmissibles…), présence ou non de signes associés (hématurie, saignements anormaux, troubles urinaires…), examen des organes génitaux, toucher rectal, recherche d’une hépatomégalie ou splénomégalie. Cette première étape élimine également les fausses hémospermies (hématurie, saignement de la (du) partenaire) ainsi qu’une lésion du pénis (frein court). Un voyage récent en zone endémique de tuberculose ou de bilharziose, agents pouvant aboutir à une hémospermie, est également renseigné.
Le bilan initial est adapté aux données de l’examen clinique. Les causes infectieuses étant fréquentes, une spermoculture associée à un examen cytobactériologique des urines (ECBU) avec recherche de chlamydia et gonocoque sont réalisés en première intention. Une prostatite peut en effet aboutir à une hémospermie.
Chez l’homme de plus de 50 ans, un dosage du PSA peut être proposé selon le contexte clinique et les données du toucher rectal. Il n'est en effet pas recommandé de doser le PSA si l'on suspecte une infection sous-jacente (elle peut faussement élever le taux de PSA). À l’inverse, une anomalie du toucher rectal peut motiver la réalisation d’un bilan complémentaire à la recherche d’un cancer de la prostate. « Rappelons que les biopsies réalisées à visée diagnostique dans le cancer de la prostate peuvent être suivies d’hémospermie pendant un mois… Mais les patients en sont prévenus », indique le Dr Akakpo.
Le bilan peut être complété par une imagerie permettant de rechercher des anomalies des canaux éjaculateurs ou prostatiques telles qu’un remaniement inflammatoire, un kyste, un calcul ou des varices prostatiques. « L’échographie vésico-prostatique de préférence endorectale et si possible réalisée par un uro-radiologue permet de bien visualiser et explorer les vésicules séminales », note le spécialiste. L’échographie pourra être complétée par une IRM prostatique, reconnue pour avoir une excellente sensibilité dans le bilan d’hémospermie avec une exploration fine de la prostate et des vésicules séminales.
L’hémospermie peut aussi être secondaire à un traumatisme (périnéal essentiellement) ou avoir une cause générale (trouble de la coagulation, anticoagulants, hypertension artérielle, hépatopathies). L’interrogatoire associé à un bilan d’hémostase est utile pour cibler ces étiologies. Enfin il est fréquent qu'aucune cause ne soit retrouvée.
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