Fuites d’eau, vétusté, mauvaise isolation… contraints d’exercer dans des Algeco, des médecins lancent une pétition

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Publié le 19/07/2025
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Quatre médecins du cabinet médical des Saisies, en Savoie, exercent depuis bientôt dix ans dans des Algeco initialement destinés à une occupation temporaire. Alors qu’un nouvel épisode vient freiner le projet tant attendu de construction d’un bâtiment pérenne, ils lancent une pétition pour sauver leur structure.

Les Drs Guillaume Desseign et William Reynier, médecins au sein du cabinet médical des Saisies

Les Drs Guillaume Desseign et William Reynier, médecins au sein du cabinet médical des Saisies
Crédit photo : DR

Une situation qui devait être temporaire dure depuis maintenant 10 ans. En 2015, les médecins de la station de ski des Saisies (Savoie) sont contraints de déménager dans des Algeco loués par la mairie, le temps de trouver une structure pour les accueillir. Dès les premières semaines de leur installation, ils alertent sur les conditions de travail dans un bâtiment inadapté à l’exercice médical. Pendant cinq ans, la mairie fait la sourde oreille. Aux élections suivantes, les nouveaux élus lancent le projet d’un nouveau centre de soins : un grand complexe qui doit accueillir le cabinet médical mais aussi une crèche, des services de pistes, logements, hôtel, commerces…

Le bémol : un projet trop ambitieux qui retarde sa mise en œuvre. Pour contourner le problème, il est convenu de déposer un permis de construire distinct pour le cabinet médical. Mais voilà, cinq ans plus tard, c’est la douche froide. « Cet engagement n’a pas été respecté : un permis de construire unique a été déposé pour l’ensemble du projet, et fait aujourd’hui l’objet de deux recours. Cela pourrait repousser la réalisation du futur cabinet médical de plusieurs années », écrivent les médecins dans le texte d’une pétition qu’ils viennent de lancer pour contester cette décision. Depuis sa mise en ligne début juillet, plus de 1 800 signataires ont déjà manifesté leur soutien aux quatre généralistes devenus indispensables à la population.

« Dans nos Algeco, nous avons fait la démarche de rester à l'intersaison » et pas seulement pendant les mois touristiques, explique l’un des praticiens du centre médical des Saisies ouvert toute l’année, et intégré à la maison pluridisciplinaire de Beaufort.

Des conditions de travail inacceptable

Les conditions d’exercice sont pourtant loin d’être convenables. « Rapidement, le toit a commencé à fuir, se souviennent les médecins. On nous a alors installé par-dessus les Algeco une structure en bois pour éviter les infiltrations… Avec le succès grandissant du cabinet, le local est devenu beaucoup trop petit. Nous avons eu droit à une extension. Mais nous n’avions même pas de toilettes pour nous… » Fuites d’eau, absence d’isolation phonique, manque de confidentialité, passoire thermique… Sans oublier « les éviers inadaptés, notamment pour la fabrication des plâtres qui devient beaucoup plus compliquée à mettre en œuvre » souligne le Dr Guillaume Desseign, qui exerce aux Saisies depuis la création du centre.

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Cabinet médical des Saisies


Pour ces médecins, qui versent pourtant un loyer mensuel de 1 628 euros à la mairie, le quotidien est éprouvant. « Cette somme serait justifiée dans un bâtiment correct, mais là, c’est trop cher », assure le Dr Guillaume Desseign. Dès 2015, ils alertent sur le manque de place. En haute saison, ils accueillent 150 patients par jour, sans parler des blessés de piste qui ont représenté cette année un volume de 900 patients.

« Depuis 2015, nous avons doublé le volume des prises en charge de blessés. Nous avons également des missions en lien avec le centre 15 et, régulièrement, le cabinet doit prendre en charge de grosses urgences. Comme nous ne disposons pas de salle dédiée, nous sommes obligés de soigner les accidentés derrière un rideau », déplore le Dr Desseign. Les médecins s’arrachent alors les cheveux pour essayer de garder un rythme soutenu et ne pas se faire « emboliser » par le flux de patients. Résultat : « Une bonne partie de l’année, nous fonctionnons en mode dégradé. Ce n’est plus tenable », renchérit son confrère, le Dr William Reynier.

Dernière solution : une fermeture en saison

Aujourd’hui, leur dossier est en cours d’instruction à l’amiable. Mais, si aucune solution n’est trouvée, ces médecins menacent de « fermer le cabinet avant la saison ».  Bien qu’ils aient déjà été approchés par d’autres structures de santé dans la région, ils espèrent malgré tout sauver le cabinet dans lequel ils ont investi beaucoup d’énergie. « Nous avons développé toute la partie informatique, nous nous sommes formés dans différents DU de traumatologie et médecine du sport, nous sommes maîtres de stage. Nous sommes beaucoup investis dans notre tâche, et nous aimons notre activité », le Dr William Reynier. L’équipe espère de tout cœur qu’un arrangement à l’amiable sera trouvé. Faute de quoi, ils seront obligés de baisser le rideau.


Source : lequotidiendumedecin.fr