L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé jeudi que sept millions de dollars seraient nécessaires sur six mois pour répondre à la crise sanitaire accrue en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, soumise à des bombardements israéliens.
Dans un « appel d'urgence », le bureau de l'OMS pour la Méditerranée orientale estime que les besoins « pour une réponse complète » sont de sept millions de dollars (5,75 millions d'euros) sur les six prochains mois, pour financer notamment l'envoi de fournitures médicales essentielles dans les Territoires palestiniens.
Depuis le début, le 10 mai, d'une escalade de violences entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, au moins 240 personnes ont perdu la vie, en grande majorité des Palestiniens et des milliers d'autres ont été blessées. Selon l'OMS, il est nécessaire d'envoyer dans les Territoires palestiniens du matériel de chirurgie traumatologique mais aussi de lutte contre l'épidémie de Covid-19.
L'organisation internationale recommande aussi des « formations pour les personnels médicaux » afin de gérer le grand nombre de blessés, des aides pour le secteur de la santé mentale ou encore l'envoi de personnels spécialisés.
Le directeur de l'OMS en Méditerranée orientale, Ahmed el-Mandhari, a souligné lors d'une conférence de presse l'urgence de la situation : « Dans la bande de Gaza, la gravité des blessures met la pression sur un système de santé déjà débordé qui fait face à des pénuries de médicaments et de fournitures médicales, en même temps qu'il bataille avec la pandémie de Covid-19 », a-t-il dit.
En outre, le chef du bureau de l'OMS pour Gaza et la Cisjordanie Rik Peeperkorn a plaidé pour davantage d'accès humanitaires à Gaza, où la situation sécuritaire est la plus dramatique.
Un accès humanitaire difficile
« Le manque d'accès affecte tout le monde. Cela affecte l'ensemble de l'opération humanitaire. Le fait de ne pas pouvoir entrer est frustrant », a-t-il dit en réclamant un « accès régulier pendant les prochaines semaines et mois ».
Richard Brennan, responsable des situations d'urgence régionales à l'OMS en Méditerranée orientale, a martelé : « Nous avons besoin d'un cessez-le-feu. Nous avons besoin que tous les points de passage soient ouverts » à Gaza.
Depuis dix jours, en réponse à des tirs de roquettes du Hamas, mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza, l'armée israélienne pilonne l'enclave palestinienne sous blocus israélien. Les affrontements se sont aussi multipliés en Cisjordanie occupée, entre de jeunes Palestiniens et les forces israéliennes, faisant plus de 25 morts.
L'organisation souligne que « 42 personnels de santé ont été blessés [40 à Gaza et deux en Cisjordanie, N.D.L.R.] et 24 hôpitaux ou centres de santé ont été endommagés » à Gaza. En outre, le seul laboratoire gazaoui effectuant des tests de dépistage du Covid-19 a été touché lundi par une frappe israélienne.
Au cours des dernières 24 heures, à peine plus de 250 tests ont été réalisés dans l'enclave et plus des deux tiers se sont révélés positifs, portant le bilan total des contaminations à 106 298, dont 995 décès. En Cisjordanie, les autorités ont recensé 198 195 cas, dont 2 447 décès.
Selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza, les frappes ne permettent pas à ses équipes de faire le suivi des personnes infectées par le coronavirus et de poursuivre la campagne de vaccination.
Avant l'escalade militaire, les autorités de Gaza menaient en moyenne environ 1 600 tests de dépistage par jour avec un taux de positivité parmi les plus forts au monde (28 %) et les unités de soins dans les hôpitaux étaient dépassées par le nombre de patients.