Sous le soleil d’Antibes, une centaine de cadres de la CSMF à la mine reposée se sont retrouvés pour la première journée de la 25e université d’été du syndicat. L'ambiance est plutôt bon enfant. Président de la CSMF Corse, le Dr François Agostini est enchanté de revoir ses confrères. Le médecin généraliste de Calenzana, 59 ans, a des attentes fortes par rapport au syndicat sur les futures élections professionnelles mais aussi par rapport à la ministre de la Santé. Agnès Buzyn devait prendre la parole le samedi matin mais ne fera finalement pas le déplacement pour cause d'agenda parlementaire chargé. La locataire de Ségur devrait s'adresser aux médecins de Paris, en vidéo. « J’attends que la ministre nous rassure en laissant les équipes de soins s’organiser sur le terrain. Qu’on nous facilite la tâche en arrêtant des réunions chronophages et des injonctions qui viennent de Paris », le Dr François Agostini.
Un peu plus loin, le Dr Nadia Simon, médecin généraliste à Pléneuf-Val-André (Côtes-d’Armor), 45 ans, est aussi satisfaite de pouvoir échanger avec d’autres médecins venus d’autres régions. Pour sa deuxième université en tant que cadre de la CSMF, elle se dit intéressée sur la question de la retraite : « Cela ne m’inquiète pas, mais je dois mieux comprendre les enjeux », dit-elle.
C’est en tout cas en rang serré que les confédérés ont écouté sans une certaine gravité le discours d’ouverture de leur chef de file, le Dr Jean-Paul Ortiz. Celui-ci n'a pas mâché ses mots sur deux réformes majeures qui se profilent : la prise en charge des soins non programmés pour résoudre la crise des urgences et la retraite universelle.
La ville d'abord
Après la réorganisation territoriale voulue avec le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), la profession est appelée à prendre ses responsabilités pour résoudre la crise des urgences. Si le plan de refondation des urgences présenté en début de semaine par Agnès Buzyn a « le mérite d’analyser le problème dans sa globalité et d’impliquer l’ensemble des acteurs concernés par les urgences, que sera ce service d’accès aux soins (SAS), mesure du plan pour réguler les besoins des patients en amont des urgences ? », s'est interrogé le Dr Ortiz.
Alors qu’une mission interministérielle doit réunir tous les acteurs pour valider les contours de ce dispositif, le néphrologue de Cabestany pose déjà ses conditions. Pas question que « cela se traduise par l’extension du centre 15 à l’ensemble des demandes de soins, centre 15 centré et géré sur l’hôpital public. C’est bien la médecine de ville, la médecine de proximité, qui réunit les médecins généralistes et les médecins spécialistes, au plus près de la population, qui doit constituer cette porte d’entrée dans notre système de soins », a-t-il déclaré. Cette participation des libéraux ne se fera pas non plus « sans réorganiser l’ensemble du système et sans donner les moyens à la médecine de ville d’assumer ces réorganisations et ces missions ».
Risque de crise majeure
L’autre sujet hautement inflammable pour les libéraux : celui des retraites. Sans appeler ses troupes à rejoindre la manifestation du 16 septembre, le Dr Ortiz rappelle que son syndicat partage une position commune avec les autres syndicats : maintien du rapport cotisations/prestations, conservation des 7 milliards d'euros de réserves de la CARMF, maintien de ses missions sociales… « Nous n’accepterons jamais que les fourmis paient pour les cigales », tempête le Dr Ortiz qui avertit même la ministre sur « le risque d’une crise majeure avec les médecins s’ils ne sont pas entendus ».
Face à un métier qui est « attaqué de toutes parts » (délégation de tâches, intelligence artificielle, GAFA), le patron de la CSMF dénonce le manque de concertation ministérielle et appelle la profession, « des plus jeunes aux plus anciens », à s’unir pour construire l’avenir du métier. Un appel largement applaudi par ses troupes.