Le HCSP vient de suspendre sa recommandation concernant la vaccination anti-rotavirus. Pourquoi cette décision ?
Pr Daniel Floret Il y avait déjà de grosses questions qui se posaient puisque la commission de la transparence de la HAS s’apprêtait à émettre un avis de non-remboursement de ces vaccins. Là dessus, avec les données de pharmacovigilance rapportées par l’ANSM, il devenait compliqué en France, même si globalement les invaginations intestinales aiguës étaient attendues, de recommander un vaccin ayant entraîné des complications graves dont 2 décès, même si l’imputabilité d’un des cas est discutable.
Ce qui n’était pas attendu en revanche, c’est d’avoir des formes qui décèdent et des formes graves. Parmi les cas rapportés en France, il y en a quand même eu 30 % d’enfants qui ont été opérés avec 2 décès et 3 résections intestinales. Avec, à chaque fois, un diagnostic et une prise en charge qui semblent avoir été très tardifs. Ce qui suggère que l’information des parents sur le risque d’IIA – qui avait été dûment demandée dans notre avis de 2013 – n’a pas été faite. D’où la question : peut-on continuer à recommander cette vaccination alors que l’on n’est manifestement pas prêt à prendre en charge correctement les IIA qui sont les complications attendues ? C’est tout le sens de la suspension prononcée. Dans les autres pays d’Europe aucun décès par IIA n’a été rapporté à ce jour…
La suspension de la recommandation est donc davantage liée au contexte français qu’à une réelle modification du rapport bénéfice risque ?
Pr D. F. Oui, et l’OMS et l’EMA qui devraient procéder à la réévaluation de ces vaccins diront très probablement que le rapport bénéfice/risque n’est pas modifié. Je pense aussi que les pays qui vaccinent actuellement ne reviendront pas en arrière. Même en France, l’avis n’est que suspensif et la donne pourrait à nouveau changer s’il apparaissait que la prise en charge des IIA est devenue acceptable et/ou que de nouvelles stratégies permettent d’en réduire le risque.
La décision du HCSP ne risque-t-elle pas de jeter encore davantage le discrédit sur la vaccination ?
Pr D. F. Oui et non car cela montre que lorsque les effets secondaires d’un vaccin sont réels nous en tenons compte.
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