L’incontinence urinaire d’effort représente la moitié des cas d’incontinences et son traitement est presque toujours chirurgical mais, selon les recommandations, il faut débuter, en première intention, par des séances de rééducation périnéale. Il est préconisé d’insister sur l’importance d’un travail personnel d’autorééducation entre chaque séance de rééducation. En l’absence de disparition ou d’amélioration des symptômes après une rééducation bien conduite (10 à 20 séances), un avis spécialisé est recommandé afin d’envisager un éventuel traitement chirurgical. Aucun médicament n’est actuellement efficace dans cette pathologie.
L’incontinence urinaire par impériosité ou urgenturie, quant à elle, représente entre 10 à 20 % des incontinences. Dans ce cas, des séances de rééducation périnéale et un traitement médical (anticholinergiques) sont indiqués.
Ainsi, quel que soit le type d’incontinence, l’entraînement des muscles du plancher pelvien devrait être proposé comme traitement de première ligne chez la femme (niveau 1 ; recommandation grade A).
Des exercices ciblés, réguliers
Différentes techniques peuvent être utilisées au cours de la rééducation pelvi-périnéale. L’entraînement des muscles du plancher pelvien implique l’apprentissage d’une contraction de l’ensemble de la musculature périnéale sans compensation des muscles voisins. Pour parvenir à renforcer efficacement les muscles, un protocole d’entraînement est établi selon le résultat du Perfect Scheme (méthode de palpation permettant de déterminer objectivement la force de la musculature du plancher pelvien).
D’après les études, le travail doit être supervisé par un professionnel et est efficace quels que soient l’âge et l’IMC. Une période de plus de 12 semaines avec des temps de séances de 20-30 mn ont montré une diminution plus importante des fuites urinaires. L’entraînement doit être régulier (3 à 7 j par semaine) avec l’apport de l’auto-entraînement à domicile.
Pour augmenter l’efficacité de ces exercices, il peut être proposé en complément des séances de biofeedback (rétroaction biologique). L’objectif de cette technique est de faire prendre conscience aux patientes de leur capacité à contrôler consciemment les différents muscles périnéaux grâce à l’utilisation d’une sonde intra-vaginale.
« L’électrostimulation est également un complément de prise en charge par les méthodes de training musculaire, d’apprentissage des réflexes d’inhibition et de rééducation comportementale. Sa principale indication est l’incontinence par urgenturie avec 80 % de résultats favorables, mais 30 % de résultats durables. On utilise des fréquences basses comprises entre 5 et 10 Hz. L’intensité recommandée est celle qui est la plus proche possible du seuil efficacité/tolérance », a expliqué Martine Cornillet-Bernard (kinésithérapeute, Évry). Le protocole retenu pour l’urgenturie est de 20 mn/j pendant 1 mois.
L’électrostimulation à domicile n’est pas conseillée (NICE 2015).
Quant aux cônes vaginaux utilisés à domicile, ils n’ont pas démontré de supériorité en comparaison au renforcement musculaire du plancher pelvien guidé par kinésithérapeute.
D’après la session “Rééducation périnéale et continence urinaire : où en est-on ?”
Hyperactivité vésicale neurologique, la neurostimulation tibiale postérieure en première ligne
La majorité des pathologies neurologiques (SEP, Parkinson, blessé médullaire, AVC) sont pourvoyeuses de troubles vésico-sphinctériens, notamment d’hyperactivité vésicale.
La neuromodulation du nerf tibial postérieur est un traitement de première ligne (pris en charge par l’Assurance-maladie) dans l’hyperactivité vésicale neurologique. Elle consiste à réaliser une stimulation transcutanée du nerf tibial postérieur à la face interne de la cheville, à l’aide de deux électrodes adhésives positionnées sur le trajet du nerf et connectées à un petit appareil portable qui délivre des impulsions électriques indolores et de faible intensité.
La stimulation est réalisée à domicile, par le patient lui-même, au rythme de 20 minutes par jour pendant 8 semaines minimum. Le résultat clinique est évalué à l'issue de cette période. En cas d'amélioration significative, la stimulation peut être poursuivie. La fréquence peut alors être adaptée au cas par cas en fonction du résultat.
L'absence d'effet indésirable est intéressante, en particulier dans les populations à risque d’effets secondaires anticholinergiques (troubles cognitifs, rétention, constipation).
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