Les troubles du sommeil, marqueur prédictif du risque de suicide

Publié le 31/01/2020
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La littérature avait déjà mis en évidence une relation étroite entre perturbations du sommeil et rythmes biologiques d’une part, et apparition de symptômes dépressifs d’autre part. Plus récemment, plusieurs travaux ont montré un lien fort avec les idées suicidaires ou les tentatives de suicide, indépendamment de toute dépression.

Sur le plan physiopathologique, on incrimine des facteurs neurobiologiques, psychologiques et cognitifs. Les idées suicidaires diminuent l’efficience du sommeil ainsi que le temps de sommeil lent profond, tandis que l’insomnie favorise la rumination des idées noires et aggrave l’impulsivité diurne, facteur de risque suicidaire clairement identifié. Troubles du sommeil et idées suicidaires ont en commun des perturbations du système sérotoninergique.

« En pratique, l'insomnie et surtout les cauchemars sont non seulement des facteurs de risque de conduites suicidaires en dehors de toute symptomatologie dépressive, mais aussi des marqueurs du risque de passage à l'acte dans les jours qui suivent », avertit le Dr Julia Maruani (hôpital Fernand- Widal, Paris).

TCC Certaines psychothérapies, comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) centrées sur le sommeil et les rythmes circadiens, ont prouvé leur efficacité sur les conduites suicidaires. La question est moins tranchée pour les psychotropes. Hypnotiques et sédatifs augmenteraient le risque de suicide chez les patients déprimés ainsi que la mortalité de toute cause chez l'homme, et uniquement la mortalité liée au suicide chez les femmes. Mais une étude récente montre que les IRS réduisent l’insomnie et les idées suicidaires. « Par contre, nous n'avons à ce jour pas pu mettre en évidence l'impact des anomalies du sommeil sur la réponse aux différents traitements à visée antidépressive », déplore le Dr Raphaëlle Richieri (CHU Sainte Marguerite, Marseille).


Source : Le Généraliste: 2897